Jeudi, un message privé m’a bouleversée.
Quelque chose se passe à Bienne.
Quelque chose qui se passe partout, mais quand c’est près de chez nous….
Dans un endroit qu’on connaît,, et que l’on peut mettre un visage sur des actes,
ça touche bien plus.
Je ne savais pas trop pourquoi j’y pensais autant, pourquoi ça me travaillait tellement.
Parce que ça se passe dans ma ville, ok.
Parce que tout le monde va en parler ?
comme un affreux potin qui brûle les lèvres.
Je vais vous dire : j’ai même pensé ne rien dire.
Mais non, nous sommes en 2019, la parole se libère enfin, on sait
comme c’est important de parler.
Mais ce n’est pas une raison pour dire n’importe quoi.
Quand un abus est commis sur une personne, seuls les concernés savent vraiment ce qui c’est passé.
Et nous n’étions pas là.
Et malheureusement, si mes sources sont justes, il semblerait qu’il y ait
d’autres victimes.
J »ai décidé d’en parler.
Mais encore une fois, pas n’importe comment.
Histoire de ne pas faire davantage de dégâts.
Parce que , c’est ça, exactement ça, qui est terrible, quand une histoire éclate publiquement, ça fait énormément de dégâts.
Mon but, alors, n’est pas d’en faire davantage.
Oh, comme ce serait facile.
Honteusement facile.
Mais quelqu’un m’a rappelé qu’il faut bien réfléchir, avant d’écrire n’importe quoi.
Et puis aussi, j’ai pensé à une autre histoire.
C’était dans une autre ville, un autre pays même, à une autre époque.
Il y a 20 ans.
Dans une petite ville, de 14000 habitants.
Une affaire épouvantable.
Monstrueuse.
Cette affaire à démontré cruellement, les failles et dysfonctionnement des institutions en particuliers et de la justice en général dans ce pays là.
Suite à ça, une commission spéciale a été créée pour étudier ces failles et éviter
qu’elles ne se renouvellent.
Voilà pourquoi il faut en parler :
parce que notre société doit encore évoluer sur ce point.
Aujourd’hui, retournons en Suisse, nos autorités s’excusent publiquement
sur les abus qu’elles ont commis dans un passé pas si lointain , où la pauvreté était considéré comme une maladie mentale.
Et les filles-mères jetées en prison.
Les enfants enlevés à leurs parents et utilisés comme une marchandise dont la vie n’avait pas d’importance.
Alors qu’importe les abus commis dans les fermes et les églises.
Qu’importe les abus commis dans les entreprises.
Qu’importe les abus commis dans les familles.
Il ne fallait pas en parler.
Garder le secret pour ne pas perturber la bonne marche,
de la la ferme, de l’église, de la famille, de l’entreprise.
Revenons à mon histoire : là c’est toute une ville qui s’est trouvée concernée.
Bien sûr, toute la cité n’était pas constituée d’abuseurs et d’abusés..
Mais tant de gens se sont retrouvés impliqués, à tout les niveau,
dans toutes le couches de la population.
L’histoire était tellement sordide, les petites victimes si nombreuses..
La presse s’en donnait à coeur joie.
Le nom de cette ville restera probablement à jamais salie.
Et les habitants innocents souffriront de cette horrible réputation.
Parce qu’on oubliera jamais .
Parce que jamais auparavant une histoire de cette ampleur n’avait été dévoilée.
Est-ce qu’il aurait fallu taire le nom de la ville,
pour que les habitants puissent continuer d’y vivre tranquille ?
Peut-être.
Quelle injustice pour ceux qui n’ont rien fait, de payer comme s’ils étaient coupable.
Coupable d’habiter là où l’horreur c’est produit.
Dans une si petite ville.
On se dit que forcément.. tout le monde savait.
Mais qui aurait pu imaginer , juste après le retentissement mondial de l’affaire belge, que des événements similaires se produisaient dans sa petite ville ?
Voilà pourquoi je ne donne pas son nom.
Je sais que ça blesse les habitants, et une amie en particuliers.
Vous saviez que la grande majorité des abus se produisent dans le cadre familiale?
Combien d’amis m’ont confié que l’oncle, le cousin, le frère.. le père s’en était pris à eux en toute impunité.
Ceux qui ont eu le courage de parler n’ont pas été cru, ont été puni, ou ignoré.
Les réactions face au viol différent,
Les conséquences , elles sont les mêmes : l’enfant est brisé.
Il est même fréquent que cette relation malsaine perdure, avec d’autres.
Qu’il passe d’abuseur en abuseur, et en devienne un à son tour.
On pourrait croire que les conséquences sont moins lourdes, quand l’abus n’est pas sexuel.
Quand il s’agit d’autorité , par exemple, de travail, et qu’on parle d’adultes.
Dans mon travail de photographe, je vois parfois des personnes qui ont été tellement dévalorisées par un employeur, qu’elles sont brisées pareillement,
que celles que je connais qui ont été abusées sexuellement.
Qui dit abus dit confiance.
Abus de confiance.
Dans tout les cas, c’est de ça qu’il s’agit.
La confiance est la base de nos relations entre humains.
Quand quelqu’un romps cette confiance, ce n’est pas seulement le lien qu’il peut détruire,
Et c’est là que ça devient difficile, parce que ce qu’il anéantit est invisible.
On ne peut pas le voir comme un bras cassé, par exemple.
On peut trouver des mots .
Anéantissement de la confiance.
Perte de l’estime de soi.
Ca reste des mots.
Seuls ceux qui le vivent en comprennent la réelle signification.
Comme un vase cassé, même réparé, sa valeur ne sera plus la même.
Certains les jettent.
D’autres les réparent avec de la colle.
D’autres encore en font un art, en les réparant avec de l’or, ce qui augmentera sa valeur.
Mon poignet cassé et réparé avec du titane est plus fort que jamais.
Mais comment réparer un esprit humain ?
Je vais loin, mais je crois que toutes les personnes informées de l’abus causé par un proche. qu’elles le veuillent ou non, seront marquées plus ou moins.
Marquées par la culpabilité, la honte, le dégoût de l’autre, le dégoût de soi.
Comme si, parce qu’elles connaissaient l’abuseur, ça les rendaient complices et qu’elles devaient se défendre.
Parce que, elle connaissaient l’abuseur et n’ont rien vu, alors, elles ont été abusées aussi.
Simplement trompée sur la personne, par la personne.
Ca suffit déjà pour se sentir mal.
Tel un coup sur la tête quand on ne s’y attends pas.
Déstabilisé, perturbé au point d’oublier qu’il n’est pas la vraie victime.
en vérité, lorsqu’on a connaissance des abus d’un proche, on devient une victime collatérale.
Je me souviens de ce professeur que je connaissais qui a abusé de ses élèves.
Il était si drôle et sympathique pourtant.. personne n’aurait pu l’imaginer en prédateur.
Heureusement pour moi, je n’étais pas dans ses amis proches.
Mais je me souviens comme ils ont été affectés eux aussi.
alors qu’ils n’avaient rien à voir, ni de près , ni de loin avec ses méfaits.
ils étaient comme abusés eux aussi.
Ils lui en voulaient de les avoirs en quelque sorte « associés » , et trompé sur celui qu’il était vraiment.
C’est peut-être aussi pour ça, que pendant tant d’années, de générations en générations, notre société préférait garder le secret sur les abus commis.
Parce qu’en premier on pense à soi, pas aux victimes.
Avec les avancées de la science, le la psychologie, de la psychiatrie, on a enfin compris que le secret agit comme un poison qu’il vaut mieux vomir que de le laisser vous tuer.
on sait aussi que les autres, mêmes si ils ne sont pas au courant peuvent le ressentir intuitivement.
Les dégâts commencent là.
La présence d’un abuseur est toxique pour son entourage, même si il n’y touche pas.
Avoir pitié de lui, envie de lui trouver des solutions pour qu’il guérisse, si c’est possible, lui pardonner… tenter de comprendre et déjouer cette attirance néfaste … sincèrement ? j’en serais incapable.
Je doute même que ça soit possible.
Je crois que les abuseurs sont comme les abusés.
Quelque chose en eux est cassé, irréparable.
Je ne suis pas pour la peine de mort, mais je tuerais de mes mains celui qui s’attaquerait à… je préfère ne pas y penser.
Je suis comme tout le monde.
Les victimes elles ne peuvent pas faire autrement.
s’il est plus facile de faire taire ces voix infernales quand on est touché de loin, on ne peux pas les faire disparaître vraiment, juste tenter d’étouffer leur bruit.
et pendant ce temps, la rumeur s’amplifie.
La rumeur est un serpent qui passe par tout les trous.
Il en trouve toujours un par ou s’échapper si on tente de le capturer.
Si on n’ en parle pas, ça continuera.
Si on en parle, ça s’arrêtera mais ça créera d’autres dégâts plus graves.
plus graves.
Plus graves ?
Comment comparer l’incomparable ?
Quand la presse s’en mêle,ça lui donne une immense responsabilité.
Rester objective, penser aux conséquences.
Elle peut y arriver, elle devrait y arriver.
Malheureusement c’est rarement le cas.
et puis les gens lisent ce qu’ils veulent.
Ca m’arrive aussi.
D’ailleurs, en en parlant aujourd’hui, ça m’en donne une aussi.
Voilà ce que je voudrais dire, si vous avez été énervé par mes dires, relisez le soigneusement, s’il vous plait :
Des vies vont êtres brisées.
Des vies ont été, sont et seront brisées.
De près et de loin.
Alors, ce que nous pouvons faire, puisqu’il est important d’en parler, c’est de le faire pour que les abus cessent.
Afin de mettre en garde tout ceux qui pourraient se retrouver dans une situation d’abus.
Afin de donner des solutions, afin de former des personnes compétentes à qui ont pourrait s’adresser sans crainte, si on est touché par un abus.
Afin de donner un message clair : en 2019, en Suisse, les abus ne sont pas tolérés.
Certainement que, en sachant quoi faire, ou s’adresser, on pourrait éviter que ça prenne de l’ampleur.
Comme certains cancers qui étaient mortels et qu’on peut à présent soigner, si on le détecte assez vite.
J’ai fait d’autres articles sur le sujet, j’ai aussi été très touchée par le documentaire sur Michael Jackson.
On en a beaucoup parlé et c’est bien, mais vraiment, il faut le voir pour pouvoir en parler.
Il dure presque 4heures.
Il n’est ni haineux, ni sensationnaliste.
D’ailleurs, en vérité, je me suis endormie une ou deux fois.
A certains moments c’est insoutenable,.
Tristement insoutenable.
Les récits de ces deux hommes sur le déroulement de leurs abus, relayés par le témoignage de leur famille sont, dans le fonds, très banal.
Ils expliquent le processus désormais connu d’un prédateur.
Malgré ça, pas de haine, plutôt une grande tristesse, celle de deux enfants
qui aimaient sincérement un homme que personne n’a pu arrêter, quand ses pulsions l’ont dépassé.
J’aurais beaucoup à dire sur le sujet, mais c’est une autre histoire.
Ce que je veux dire à ce propos, c’est qu’en 4heures, on a une vision documentée importante.
Ca permet de comprendre le point de vue de ces deux hommes.
De mieux comprendre ce qu’ils ont très certainement vécu.
Mais même comme ça, pour qu’on sache vraiment qui étaient M.J. il aurait fallu que lui-même puisse s’exprimer honnêtement .. ce qu’on aura jamais.
A aucun moment dans ce documentaire, on ne trouve de suppositions ou de raccourcis faciles.
Par contre, ce que j’ai pu lire au sujet de ce qui s’est passé à Bienne m’a choquée.
C’est un point de vue , par une vraie enquête journalistique.
Un seul exemple dans cette phrase : « dans son entreprise de nombreux
employés ont été recrutés à condition qu’une photo soie jointe à la postulation »….
Ah bon ? ce n’est pas le cas ans les autres entreprises ?
En conclusion ce que je veux dire ,concernant les abus de toutes sortes,
qu’on parle d’enfants ou d’adulte, que ce soit dans le privé ou le travail, la mécanique des abus et la même.
Dans ces mécaniques, il faut tenir compte de l’entourage.
Il ne se défini pas en deux catégories, ceux qui savent et ceux qui ne savaient pas.
Non.
C’est beaucoup plus compliqué.
entre la peur de perdre son travail, les fausses informations, les pressions sociales de toutes sortes.
Pression culturelles, familiales…
Dans cet article il est dit que le père de la jeune fille l’abusait aussi.
Mais ou est-il ce type ?
Y’a-t-il aussi eu une plainte contre lui ?
Attention là encore, je ne le reproche à personne.
J’essaie de comprendre vraiment.
On ne peut pas, avec un article pareil se faire une véritable idée.
On ne doit pas même.
Ce serait injuste envers l’entourage, les autres employé,es, les familles des deux intervenants.
Mais c’est trop tard.
L’article circule déjà.
Et la haine se déchaîne dans les commentaires au-dessous.
« Pendons-le ! »…
Je ne prends pas sa défense.
Je dis qu’il faut en parler, même.
Avec des informations vraies et utiles, dans un but louable et utile.
C’est possible.
Et si c’était de ma fille dont il s’agissait ?
est-ce que je dirais la même chose ?
Honnêtement, j’en doute.
Mais ma fille ne se serait pas mise dans cette situation.
Par chance (?) elle n’a jamais été abusée.
Moi oui, par contre,et je sais trop bien comme il est difficile de sortir de cet état.
Et l’état d’abuseur ? est-ce qu’on choisi d’être un abuseur ?
Certainement, un homme intelligent devrait pouvoir se donner les moyens de lutter contre ses pulsions. ?
Mais je ne suis pas une spécialiste.
Forcément les gens vont s’interroger…
Qui était au courant ?
Si on lit l’article, il donne l’impression que tout le monde savait.. même le journaliste qui n’attendait que le procès pour s’exprimer… c’est une impression.
Mais quel est le rôle du journaliste ?
Faire vendre du papier, à la base.
Mais l’article est sur internet, il est devenu viral et il y restera jusqu’à la fin des temps.
Ca aurait mérité de se donner un peu plus de peine…
quand il s’agit d’une entreprise publique, et que l’on peut facilement reconnaître la personne concernée.
Ca va faire des dégâts.
Alors, si on peut, au lieu e se joindre à la meute hurlante, on devrait
en premier compatir avec les victimes de cette triste histoire.
Toutes les victimes.
Et rester honnête.
Vous vous êtes déjà retrouvé face à un abuseur ?
Vous savez comme ils sont malins?
Bon, pas tous.
Je me souviens d’une entreprise ou j’ai bossé.
Il y avait ce vieux dégueulasse.
tout le monde le savait.
Il se glissait derrière les ouvrières pour les tripoter.
Je l’ai senti venir.
Je l’ai foudroyé du regard.
En pensant très fort que je lui arracherais quelque chose
auquel il devait tenir et qui ne servirait plus jamais si il m’approchait davantage.
Il ne m’a plus jamais approché.
Mais ce n’était qu’un vieil employé sans pouvoir.
Le pouvoir change tout,
Pendant ce temps, mon amie qui bossait dans un journal se faisait coincer
par un collègue.
Quand elle l’a dénoncé, elle s’est fait virer.
Dans mes nombreux emplois j’ai vu tellement d’injustices …
Tellement d’abus de pouvoir.
Il est important de lutter contre ça.
Et ce n’est pas toujours facile pour les victimes.
J’essaie de trouver une conclusion pour clamer ma révolte.
Alors je dirais, méfions nous de nous mêmes, gardons nous de colporter des rumeurs qui feraient du mal, alors que nous ne savons certainement pas tout.
C’est peut-être pire, c’est peut-être autre chose.
On en sait rien, on n’était pas là.
Alors ne faisons pas payer des innocents par notre ignorance.
Nous ne sommes pas le bras armé d’un clavier de la justice divine!
Espérons que la justice biennoise sera objective.
Ca lui arrive.
Je crois que l’univers est bien fait et ceux qui doivent payer paieront.
suite :
22 mois de prison avec sursis… et uniquement l’abus de faiblesse reconnu.
Mais c’est trop tard, le mal est fait.
Tout le monde a compris de qui il s’agissait…
Par contre, je ne me fais pas trop de soucis pour lui.
On est à Bienne,