Ma chère soeur.
Depuis toujours, je suis fière de toi.
Pour différentes raisons.
D’abord, parce que tu es la seule capable de me faire rire, dans les pires situations.
Ce qui en dit long sur l’amour que tu me portes et ta connaissance de moi.
Quand nous étions petites, tu étais la plus intrépides, et même si je suis, de 18 mois en avance sur toi, tu as su nager avant moi.
Une petite minute.. le temps que je me dise que si tu pouvais.. j’y arriverais aussi.
Tu n’avais peur de rien, ni de personne.
Tu n’hésitais pas à t’attaquer à bien plus grand que toi, quitte à en payer le prix.
Mais le soir, tu me réclamais des histoires, pour s’endormir, et je te les racontais.
La vie nous a parfois un peu séparé.
Mais je sais, j’en suis sûre , que si quelqu’un s’attaquait à l’une de nous deux, l’autre volerait à son secours.
Nous ne sommes pas toujours d’accord, et c’est très bien comme ça.
J’aurais détesté que tu n’aie pas d’opinions dissidentes, de prises de position importante.
Parce que, c’est beau de te voir défendre tes convictions.
Quel qu’elle soit, je ne suis pas toujours d’accord, mais je me battrai tout autant pour que tu aie le droit de t’exprimer.
S’il le fallait.
Nous y voici, à mon grand étonnement, pour une fois,
moi qui pense te connaître, je devrais savoir que parfois, tu as ta logique à toi.
Cette logique qui refuse de céder à la paranoïa, au complotisme ambiant.
Entre deux épisodes de Outlander.
Si tu avais vécu à cet époque, c’est certain, tu aurais été une révolutionnaire écossaise, luttant pour défendre sa terre.
Mais nous sommes en 2020.
L’ennemi n’est plus seulement anglais.
Il est international.
Il est tout petit, mais prends tellement de place.
Il s’appelle 19.. Covid-19.
Ce masque qu’on nous impose ce lundi t’insupporte.
Si je prends la plume virtuelle cette nuit, ce n’est pas pour parler de l’efficacité du masque, ni même de sa justification.
Nous ne sommes, ni l’une ni l’autre assez spécialisée pour savoir s’il est judicieux où non de le porter.
Puisque d’autres ont décidé pour nous.
Non, le seul argument dont j’ai envie de te parler, c’est quand tu dis que le masque nous isole.
Nous empêche de communiquer , dissimulant nos sourires et nos émotions.
Je ne suis pas de cet avis.
Pourquoi ?
D’abord, parce que j’ai traversé le Sahara, oui madame.
J’ai vécu quelques temps, entre extrémistes musulmans du centre le l’Algérie, et Touaregs de Tamanrasset.
Ah Tam.. ma Tam.. rien que de dire ton nom je repars..
et là-bas, ce n’est pas le virus, ni même la religion qui dissimule le visage des hommes, ne laissant que les yeux.
C’est le sable.
Reste les yeux donc.
Le soir au coin du feux, on ne voit qu’à travers les flammes, et pourtant,
non seulement elles passent , les émotions, mais elles sont comme multipliées.
On sait lire dans les yeux, deviner si au-dessous, caché, il y a un sourire, qu’on ne verra peut-être jamais, et qui nous trouble d’autant plus .
Parce que nous sommes ainsi, nous les humains.
Privé d’un sens, nous développons les autres.
Tel l’aveugle avec le toucher, l’ouïe, l’odorat, le gout.
Pas besoin d’être un Touareg, pour ressentir les secrets du silence.
Nous en sommes tous capables.
Et peut-être bien que ce virus là, au lieu de nous voler nos sourires,
va nous plutôt nous redonner des sensations primitives, oubliées.
Nous réapprendre à nous sentir , à nous savoir.
Avec cette contradiction étonnante :
le masque invisible que nous portons d’habitude , une fois caché par un vrai masque,
le fera disparaître.
Comme je déteste ces sourire faux-culs en particulier, et l’hypocrisie en général.
Mais bien sûr, les beaux visages que j’aime tant, comme le tien, celui de notre mère, de nos enfants, de ma petite-fille .. des mes amies, j’aime les voirs en entier.
Et par bonheur, ce masque ,nous ne le porterons pas tout le temps.
Enfin voilà.. tu m’a donné l’inspiration pour un article ,et je t’en remercie.
Va , ma sportive de soeur, cours et défoule toi, dépasse toi encore et continue de défendre tes opinions comme tu le fait,
à la face masquée du monde.
PS. Après lecture de mon article, ma soeur m’a fait remarquer que dans son cas, et surement dans celui de bien d’autres, le port du masque au travail, dans un bureau ou elle est seule n’a pas grand sens. Et même , lui est préjudiciable.
Pense bien , ma soeur, que je le regrette.
Et c’est bien pour ça que je te dis que tu as raison de te battre pour tes opinions.
Et que je suis avec toi.
De toutes façons.