Dans ma rue

J’attends le bus.

Le 4.

Chose curieuse, alors que l’arrêt est situé juste devant la relativement récente Résidence du Lac (pour personnes âgées).

Bonne nouvelle, on a pensé à tout : histoire de renforcer leurs défenses immunitaires, on applique la méthode de l’endurcissement .

D’abord, pas question de les affaiblir en leur proposant un abri-bus.

Ni même de quoi s’asseoir, confortablement.

Leurs vieilles jambes fouettées par le vent et la pluie verront ainsi le sang circuler au mieux dans leurs artères.

Que de prévention.

Vu l’économie réalisée , on a pu leur faire cadeau d une oeuvre d’art, un truc en métal massif,  qui ne représente rien,

histoire de travailler l’imagination,

histoire de penser à  autre chose qu’à la douleur d’attendre le bus debout.

-Mais Catherine, la Résidence du lac, c’est privé, c’est la ville qui décide de l’installation des abris-bus…

Ben oui, justement,

C’est bien connu, notre ville se préoccupe particulièrement des personnes âgées.

Je dis ça, mais, il n’y a qu’a fouiller dans sa boîte aux lettres, pour se protéger de la pluie.

Terre des hommes, nous distribue, cette année encore des cartons.sensibilisateurs.

L’année passée ils servaient encore d’abris pour les plus pauvres.

Cette année, ils les mangent !

Je ne plaisante pas.

Les traces de morsures, un peu trop régulières, à mon goût, sont là  pour nous faire réagir…

Dans le texte qui l’accompagne, c’est encore pire.

La petite fille qui fait des boulettes de terre… la maman qui fait des soupes à l’eau, sans rien d’autre dedans… c’est juste une horreur.

Du coup, je suis moins embêtée pour les Résidents du lac.

Mais tout de même…

Le monde est comme une pagaille gigantesque.

Rien n’est justement réparti.

Le vent souffle au-dehors, et tant que je ne suis pas sur le trottoir d’en face à me les geler en attendant le bus, ça va.

Ce n’est pas la forme olympique .

J’ai comme un gros point dans le haut du dos.

Une fatigue générale.

Je dors mal, je fais des cauchemars  .

Il es tôt, mais je vais aller me coucher.

Je veux retrouver ma joie de vivre.

 

Faire mon ménage intérieur.

Puisque le monde

est une pagaille gigantesque.

C’est déjà un début de commencer par soi.

 

 

 

 

Bien à Bienne again

Voilà, tout est bien qui fini bien.

Dans le respect et la dignité.

(Voir Bien à Bienne quand même).

 

Mes proches l’ont bien constaté, ça m’avait rendu malade.

 

Je ne suis pas une pauvre chose sensible, mais une femme courageuse

qui assume  seule ses responsabilités familiales, qui travaille dur, chaque jour pour s’améliorer dans son métier de photographe.

J’avais, et j’ai toujours du respect pour nos forces de l’ordre, qui, je trouve, font plutôt bien leur travail.

Cette histoire montre bien, que même si ce n’était pas l’intention, plaisanter lourdement sur quelque chose d’aussi intime, à les mêmes conséquences que si c’était sérieux.

C’est la première chose importante à retenir, la leçon de l’histoire : nos mots ont des conséquences, à nous d’y faire attention.

Je ne voulais pas causer de problèmes au policier concerné.

J’ai bien compris que c’est avant tout quelqu’un qui aime son travail,

qu’il le fait bien  d’habitude, et que son intention n’était pas de me blesser.

D’ailleurs, il s’en est excusé et c’est tout à son honneur.

 

A aucun moment je ne l’ai dénoncé à qui que ce soit.

Cependant le chef de la police à été alerté et fait des recherches,

Personne ne s’est  défilé.

Fait appréciable.

Maintenant, je dois dire à quel point j’ai trouvé le chef de la police charmant.

Dans le sens du terme : élégant dans son comportement.

Je comprends pourquoi j’en ai entendu tellement de bien.

Et, franchement, ça fait plaisir de savoir qu’à la tête de notre police, il y a un homme de sa trempe.

Je me suis senti respectée, écoutée,

J »ai dit ce que j’avais à dire.

Et je suis ressortie de poste, entière,

droite dans mes Palladiums.

J’aimerais remercier les personnes qui se reconnaîtrons, et qui sont intervenues en ma faveur.

Il faut du courage pour prendre parti.

C’est tellement facile de détourner les yeux, de passer à autre chose.

Qu’est-ce qui se serait passé, si personne n’avait rien dit ?

J’aurais rangé cette blessure, avec les  autres, dans mon tiroir à blessures.

Les blessures quel que soit leur taille ont ceci de particuliers  :

elles collent entre elles.

 

Et même, elles en attire d’autres.

C’est bien parce que j’en connais un rayon sur la souffrance que je pouvais pas

laisser passer ça.

Ecrire m’avait soulagé un peu, puis est venu un soutien inattendu : quelqu’un m’a lu et est intervenu en ma faveur.

Il faut du courage pour prendre parti.

Mais surtout pour agir .

C’est tellement inhabituel que je l’aurais sûrement refusé, si j’avais eu le choix.

Par manque d’habitude.

Maintenant je ne le regrette pas, au contraire

ce soutien m’a permis d’aller de l’avant..

De m’exprimer, d’être entendue et d’entendre,

De faire la part des choses.

On peut toujours s’améliorer.

Tous.

En restant vigilant ,

en se remettant en question.

En prenant soin les uns des autres,

il y a des histoires qui commencent mal

dont on ressort grandi au final.

 

Bien à Bienne.

Again

Jusqu’où peut-on aller trop loin ?

Mes chats se rapprochent du feux.

C’est une chaleur si douce et spéciale.

Ca changé ma vie.

Et pour ça, je ne remercierai jamais assez ceux qui me l’ont installé.

Je repense à ces hivers,  les pieds gelés… dans mon salon.

Maintenant, il fait si bon que je pourrais travailler toute la nuit.

J’ai travaillé, un peu déjà, une commande spéciale.

Juste trois portraits .

J’en suis assez contente.

J’ai encore beaucoup de travail, mais demain, j’ai trois rendez-vous importants.

Je dois être en forme.

Je ne suis pas vraiment du matin, mais quand il faut, il faut.

Ma petite fille avait tellement envie de rester chez sa grand-mère…

ce n’était pas prévu.

Je vais devoir me lever à 7h du mat, parce que l’école est à l’autre bout de la ville.

L’arrêt de bus de l’autre côté de la gare.

l faut partir assez tôt si on veut arriver à l’heure.

C’est  important d’être à l’heure.

Je pense à ma mère, qui allais à l’école a plusieurs kilomètres, dans la campagne.

Je suppose qu’elle y allait à pied, il faudra que je lui demande.

En ce temps là…on était dur.

La guerre juste à côté , en France…

les avions , les  soldats, le rationnement et les petites plaquettes à porter autour du cou pour être identifié.. au cas ou…

Nous on a un joli bus, et si on se dépêche, une place assise, vu la foule de gens qui va travailler à cette heure là.

00h22, ça me laisse encore des tas d’heures de sommeil.

Je vais en profiter.

A 10h, j’ai rendez-vous, à la police, pour discuter de ce qui c’est passé l’autre jour dans le couloir de la gare.

J’apprécie qu’on le fasse.

J’ai bien conscience que ce n’est pas un travail facile.

Mais nous sommes en 207, on sait maintenant les dégâts qui peuvent être causés par ce qu’on prenait, il n’y a pas si longtemps pour des plaisanteries.

Personne n’est parfait, moi la première, donc, vraiment j’apprécie qu’on se rende compte de tout ça et que je sois assez prise en considération pour en parler avec moi.

Ce qui me semble important, maintenant, ça sera de rester dans la bonne mesure.

Ce que j’ai écrit, c’était ce que j’ai ressenti.

C’est ce que  l’on ressent quand on se sent rabaissé et qu’on ne peut pas se défendre.

Mais je n’a pas de rancune.

J’ai trop besoin de mes forces pour assurer ma vie de tout les jours pour les dépenser si ce n’est pas nécessaire.

Ne pas minimiser, ne pas donner trop d’importance, bref, rester dans la juste

mesure.

00h44, il est temps d’aller dormir.

Fabuleux

Ce soir, j’ai fait l’expérience la plus fabuleuse de ma vie depuis.. pff, je ne crois pas qu’il y aie qq chose de comparable à la réalité virtuelle.

Avec elle on peut faire beaucoup.

D’abord, je suis dans la pièce de base, celle  avec une terrasse et des papillons qui se posent sur la manette.

Mais ensuite, je retourne à l’intérieur et je prends un instrument fabuleux,

Un crayon virtuel.

Et je peins, dans l’air.

Je ne me contente pas de peindre, je le fais en plusieurs dimensions.

Je vois à travers les formes, je les superpose, je change les couleurs.

Et je déplace le tout à travers la pièce.

Je parsème mes dessins à travers la pièce.

J’en mets au plafonds aussi.

Et ils restent en suspension dans l’air.

Je peux tout faire.

C’est l’extase artistique.

Alos j’écris, une petite phrase gentille pour celui qui m’a permis de vivre ça.

Ensuite, on change les décors, et , enfin, je peux dégommer des zombies.

Leurs crânes éclatent comme des pastèques.

Quand je regarde l’endroit ou se trouve mes mains, je les vois.

Je viens de comprendre un truc, j’aurais peut-être du garder le marteau du début.

Parce que les munitions c’est très important dans ce genre de jeux.

Et quand on en a plus… on se fait bouffer,

et on meurt.

Et on recommence la partie..

Expectative

Expectative…

Comme souvent, pour un mot,

la langue française donne beaucoup de définitions.

En gros, c’est une attente ,avec de l’espoir.

Mais pas toujours.

Pour moi ça signifie attendre sans savoir vraiment.

Je suis pleine  de doutes et de questions.

De peurs aussi.

Je ne pensais pas que ça irait aussi loin.

Mais voilà, j’ai des lecteurs…..

Des gens qui me suivent, qui apprécient mon travail de photos,

et d’écriture.

Qui ont senti ma détresse face à ce que j’ai vécu à la gare, et qui ont alerté le chef de la police.

Qui m’ont proposé de le faire moi-même aussi.

Mais je ne voulais pas dénoncer ce policier.

 

Mais les quelques indications que j’ai donné ont suffit apparemment à le retrouver.

je le sais parce que le chef de la police m’a téléphoné.

J’ai rendez-vous vendredi avec lui et le policier en question,

qui devrait me présenter ses excuses.

Le chef de la police a lu ce que j’ai écrit.

Ca me fait bizarre.

Je n’ai pas réussi à me relire.

Je ne veux pas ressentir à nouveau cette impression.

C’est terrible, mais je me sens  vraiment mal, depuis plusieurs jours.

Ce n’est pas de la faute de ce policier.

Vraiment je pense bien qu’il ne pouvait pas imaginer qu’il me blesserait à ce point.

Que c’était de la maladresse,  et qu’on ne va pas le pendre pour ça :).

Alors, j’attends, j’attends et j’espère .

Expectative….

Je mets cette photo , parce que, dans le fonds, je préférerait qu’on parle de moi pour mon travail.

J’aimerais que rien ne se soit passé.

Mais si on peut montrer qu’on vit dans une ville ou on a du respect les uns pour les autres, alors faisons-le.

 

 

 

Je suis malade

Complètement malade.

Je regarde la Consolation, le film tiré de l’histoire de Flavie Flament.

Sa mère était épouvantable.

Je me souviens bien pas trop,, de Flavie Flament à l’époque où elle était Miss Ok.

On a 7 ans de différence.

Par contre, on a des points communs…

Moi aussi, je ne souriais pas  beaucoup.

Je ne me souviens pas trop d’elle, à cause de la différence d’âge.

Par contre… j’aimais beaucoup  le travail de David Hamilton.

En opposition avec la vulgarité sans nom de la pornographie à l’époque,

je trouvais qu’il présentait la femme avec beaucoup de douceur, dans ses photos.

On avait pas l’âge, pour aller voir ses films, avec ma copine Sabine.

On se maquillait comme des voitures volées

pour avoir l’air ..

d’avoir 16 ans.

Je me rappelle, aussi  d’une scène qui m’avait mise mal à l’aise.

alors que tout se passait d’habitude dans la délicatesse.

Une scène de viol à la David Hamilton…

Ca existe.

Au passage, on découvre le secret du fameux « flou hamiltonien ».

J’avais entendu qu’il utilisait un filtre spécial…

Eh bien non, il se contentait de mettre de la buée

sur son objectif.

En expirant.

Malgré tout le dégoût profonds que ce type m’inspire,

je trouve ça assez génial.

Je suis photographe.

Très pudique aussi.

Je n’aurais jamais imaginé faire du nu, un jour.

Parce que ce qui me dégoûte le plus, c’est ce comportement :

utiliser  une séance photo pour abuser d’une femme.

Mais il y avait une demande.

Quand j’étais à l’Académie de Meuron, nous avions des modèles

qui posaient nus.

Personne n’aurait imaginé faire des reflexions désobligeantes.

On avait le plus grand respect pour les modèles.

Dans cette optique là, dans une recherche de beauté,

de mise en valeur, de naturel.

Parce que le corps, ce n’est pas sale.

C’est ce qu’on en fait.

Je suis assez fière que personne n’aie jamais fait opposition

sur aucune de mes photos, sur Facebook.

Je ne pensais pas franchir le pas, moi-même.

Et puis, il y a eu cette jeune photographe, tellement talentueuse

qui m’a demandé si j’étais d’accord.

Pour son travail de  Matu.

J’ai accepté pour l’aider, et je ne regrette pas,

tellement ses photos sont belles.

Elle à pris d’autres personnes, sa grand-mère même!

Et son travail a été largement récompensé par les plus

hautes notes.

Je n’aurais jamais imaginé que David Hamilton puisse être un prédateur.

Maintenant, je vois le film et ça m’a l’air tellement logique.

Je n’ai plus du tout envie de voir ses photos.

Je me souviens, quand je les regardais à l’époque, j’avais remarqué :

ces points communs entre ses modèles.

Une expression commune.

Comme si elles étaient dans un autre monde.

Cet espèce d’immonde salopard.

Il a construit sa gloire sur le désespoir de ses modèles.

Parmi les filles que j’ai photographiée, j’en ai eu qui ont été abusées.

J’en ai parlé avec un autre photographe, il me l’a dit aussi.

Le nombre de femme à qui c’est arrivé est impressionnant.

Elles détestent leur corps.

Pourtant, elles sont belles.

Moi aussi, j’ai été abusée.

Je ne vais pas en parler là, maintenant, mais je comprends bien.

C’était un médecin.

Utiliser son travail de soigneur pour abuser d’un enfant, il n’y a pas de

mots assez fort pour exprimer à quel point c’est minable.

Je ne vais pas en parler davantage.

Les images me reviennent, les sensations sombres qui vont avec.

Il a de la chance d’être mort, parce que si il était encore en vie, je me

serais, moi aussi occupé de son cas.

Dans le film, ce qui est choquant , c’est la complicité de la mère.

Ce n’était heureusement pas le cas chez moi.

Par contre, je sais qu’il a fallu longtemps, jusqu’à ce qu’on se rende

compte des dégâts.

Qu’il n’y a pas si longtemps, ce n’était pas grave…

Les enfants n’avaient pas le droit à la parole.

D’après ce que j’entends, il y a encore beaucoup de progrès à faire dans ce sens .

Former les gens.

Vous savez ce qui est le plus difficile dans ces histoires d’abus ?

Abus de faiblesse, abus d’autorité, abus verbal ou physique,

c’est à quel point on se sent soi-même coupable.

Ca a l’air illogique.

Pourtant, c’est comme ça.

Voilà pourquoi il faut parler.

Ne pas minimiser.

Rendre les gens responsables.

Oh, c’est joli ce que le docteur dit , à la télé :

que si on parvient à faire avec cette violence et la mettre

au service de son engagement, alors on devient une combattante.

Le truc, c’est que je n’ai pas envie d’être une combattante.

J’aimerais juste avoir la paix.

Arrêter de souffrir.

Je pense en truc… il est tout-à-fait probable que David Hamilton lui-même

aie été abusé.

Ca expliquerait tout.

Ce n’est absolument pas une excuse,

mais ça permet de comprendre.

Finalement, il a fait justice lui-même,

en se suicidant.

Autre point hyper-important : la loi est mal foutue.

Totalement illogique.

En France, par exemple, il y a prescription, au bout de 38 ans.

Pourquoi 38 ? c »est incompréhensible, ce chiffre.

D’autant plus maintenant qu’on sait le temps que ça prends entre l’abus lui-même, et la possibilité d’en parler.

Grâce à Flavie Flament, la loi va changer.

Bien sûr, elle n’est pas toute seule, mais médiatiser son cas aura permis l’avancée.

En France en tout cas.

En Suisse,  on a fait des progrès, il y a imprescriptibilité pour les crimes commis sur les enfants de moins de 12 ans…

Pourquoi 12 ?

A 13 ans, on est plus un enfant?

La loi humaine est à l’image des hommes.

Imparfaite. Illogique.

Il a fallu attendre 2017, mais le mouvement est en marche.

La libération de la parole commence.

C’est une avancée extrêmement importante.

Pourtant, d’autres voix se font entendre : pour se moquer.

Pour prétendre qu’on en parle trop.

Bienheureux sont ceux qui ne se sentent pas touchés.

Mais qu’ils ne se mêlent pas d’empêcher les autres de le faire.

Au risque, d’être un jour, eux aussi, concernés.

 

 

 

Mouvement perpétuel

J’avoue que, ça cogite , dans ma tête…

J’ai l’impression de vivre et revivre sans cesse le même schéma.

Pourtant, je croyais que c’était fini, mais apparemment, je ne dois pas avoir tout compris,

Parce que là, c’est exactement la même chose qui recommence, en plus compliqué.

Chacun y va de son petit conseil, mais au final, personne ne s’est retrouvé devant ce cas de figure.

Un des paramètres qui me complique la vie, c’est que je sais, par expérience, que la justice n’est pas la même pour tout le monde.

Que tout est réglé d’avance.

Les alliances, la politique… il y a ceux qui décident, ceux qui exécutent les ordres  et ceux qui en subissent les conséquences.

Ca fait deux groupes, différents, que j’appelle :

Les gens « normaux » et

les citoyens de seconde zone.

Ceux que l’on écoute,

ceux que l’on entends pas.

Plus la liste des injustices s’allonge et moins on vous écoute.

Vous devenez gênante.

Obligée de vous justifier.

Je n’ai pas du tout envie de le faire.

 

Quelle naïveté de penser qu’il puisse en être autrement.

J’avoue que j’aimerais y croire,

Je vais devoir m’accrocher.

J’aimerais juste retrouver la paix.

Heureusement, maintenant, je sais ou trouver conseil et soutien.

En attendant, j’appelle ma copine, ma soeur, Doris, et on va se promener.

Doris ne me juge pas.

Elle me laisse vivre.

Elle sait comme je l’apprécie, le bien que ça me fait de la voir.

Une promenade.

Toute simple dans la forêt.

Et je me sens bien mieux.

Je retourne à la gare, pour la première fois, avec elle.

Affronter .

Pour que le couloir de la gare redevienne ce qu’il est.

Un simple couloir.

Je dois rester forte.

 

 

La Récompense

Elle ne le sait pas.

Ce qu’elle tient dans ses mains :

Mon coeur, mon âme, ma putain de sensibilité.

-Je croyais que tu l’aimais bien ,ta sensibilité?

Pas tout le temps.

Quand je présente ma première photo travaillée,

 

je la déteste,

ma sensibilité.

Ca va un peu mieux , à peine, mais

chaque fois, c’est la même histoire.

Comment pourrais-je être sûre de moi ?

Les goûts, c’est aléatoire.

Alors je pose ma photo dans la petite case du tchat Facebook.

Pas de point vert.

Je dois attendre la réponse.

J’aime beaucoup cette photo.

La famille est réunie, sur un rempart, avec le lac au fonds.

Leurs silhouettes se détachent sur le ciel.

Les parents, beaux et jeunes.

Leurs enfants,

une fille, un garçon.

adorables.

Ils sourient, heureux.

Je prends la photo depuis le bas.

Ca leur donne de la grandeur.

Ils sont magnifiques.

Le ciel aussi est splendide.

Traversé par un avion,

dégradés subtils de bleu,

nuages éclairés par le soleil .

Comme une allégorie.

Ils sont à contre-jour.

J’ai du les éclairer,

trouver les couleurs justes.

Sur ce rempart, les mouettes ont laissés de nombreux souvenirs.

Du coup, jai vignetté légèrement la photo, pour que ça ne se voie pas.

Ca donne un joli effet, en plus.

Le petit garçon s’avance, dans un mouvement naturel.

Les parents voulaient une belle photo,

qu’ils puissent transformer en tableau sur canevas.

Franchement, je ne sais pas si j’aurai le droit de vous le montrer, mais je la trouve top.

Parfaite pour ça.

Mais mon avis ne suffit pas.

Alors, je pose  la photo dans la petite case,

et je fais autre chose pour tromper l’attente.

Quand les premiers mots sont arrivés,

la première phrase.

J’ai eu l’impression d’avoir la jeune mère devant moi.

Ces mots m’ont touchés, directement le coeur.

Par extension, mon âme, ma belle sensibilité d’artiste,

sont réchauffées.

Et mes yeux expulsent une larme,

si vite, que je ne l’ai pas senti monter.

Je relis ce qu’elle m’a écris, et c’est la même émotion.

Ca m’emplit d’un contentement infini.

Ca balaye d’un coup toute la mocheté qui encombre mes pensées.

J’adore mon travail.

Je vous suis reconnaissante.

Vous , les gens qui l’avez remarqué.

Sur les milliards de photos qui circulent , vous avez pris

sur votre précieux temps, pour  les regarder.

En likant, en commentant,

je l’ai su.

Et vous m’avez rendu  visible.

Vous m’avez donné du sens.

Je vous en remercie.

Ce que vous faites est important.

Ca s’accumule, et c’est bon.

Il faut le dire, aussi.

On parle beaucoup de ce qui est moche, ces derniers temps.

Parlons aussi de ce qui est beau.

Chaque fois que l’on encourage un artiste,,

que l’on complimente une amie,,

qu’on partage ses activités,

que l’on aide son entreprise à prospérer,

qu’on lui donne du travail.

Chaque fois que l’on est compréhensif,

qu’on arrive à pardonner, que l’on donne sa chance à quelqu’un.

On ne s’en rends pas  toujours compte

, mais on a le pouvoir

de changer la vie des autres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quand la nuit tombe

Le coucher de soleil n’était pas terrible, ce soir.

Question d’atmosphère.

De température.

Plus il fait froid et plus ils sont magnifiques.

Mais là, il fait plutôt bon.

Je repense à une phrase de ma copine Maude…

Une expression plutôt : « intégrité cutanée ».

Quelle belle façon de parler de la peau, et de son importance.

Elle fera une bonne infirmière.

Je trouve les êtres humains tellement passionnants.

Bien sûr, nous avons des défauts.

Mais tellement de potentiel aussi,

quand on le laisse s’exprimer.

Il n’y a rien qui m’énerve plus que ça,

le gaspillage de potentiel.

Que ce soit qund on empêche quelqu’un de s’exprimer,

par toutes les façons possible.

Faire du mal, c’est exactement ça :

par extension, par conséquence,

ça réprime le potentiel.

Voilà pourquoi il me semble si important de se respecter,

les uns les autres.

Je regarde un film de science-fiction, plutôt gentillet.

Pas très réaliste, les beaux cheveux blonds

de l’héroïne.

On dirait une pub pour le shampoing Timotéi…

version  Terminator.

Dommage , j’aime beaucoup cette actrice, elle déchire dans Let me in, ou dans Kick-Ass.

Bon, elle fait son job, mais ne se mets pas trop en danger.

Franchement pour moi l’actrice la plus prometteuse du moment,

c’est la jeune Millie Bobby Brown, 13 ans.

Eleven dans Stranger Things.

Et bien sûr Elisabeth Moss.Il est très tard et j’ai une monstrueuse vaisselle à faire.

D coup, je vais me regarder un film d’horreur en même temps 🙂

C’est parti pour Saw.

J’ai vu le 1,le2 et le 3…

Je me souviens avec ma fille, on se disait…ils n’oseront pas faire Saw 6…

et si Saw 6 et Saw 7.

L’humour et les films d’horreur, ça aide bien.

 

Ma théorie de la relativité de l’agression, etc…

J’ai compris quelque chose.

J’étais en train de retoucher mes photos.

J’ai fini, ça m’a fait du bien.

C’est une vraie thérapie.

Aller dehors, au bon moment.

Courir un peu pour arriver à temps.

Parce que les couleurs du coucher de soleil changent de seconde en seconde.

Et ça ne dure pas longtemps.

Trouver un point de vue, un autre et encore un autre.

vite et bien, si possible.

Quand c’est passé, c’est passé.

Ensuite , je rentre chez moi.

Le soir quand tout est calme, je retouche mes photos.

Ces couleurs, les mettre sur Fcebook, recevoir les premiers likes, les

gentils commentaires, ça fait un bien fou.

Je voulais le dire, parfois, comme je mets beaucoup de photos, je ne vois pas tout.

Mais chaque like, chaque mot de vous me touche, me fait du bien, me guérit.

Dans ma tête, le tour se fait tout seul.

Là, j’ai compris quelque chose que j’aimerais exprimer.

Pourquoi certaines personne subissent des choses épouvantables et paraissent, je dis bien paraissent, à peine touchée.

tandis que d’autres, pour un mot, une phrase , sont démolies.

Eh bien , je crois, d’abord, parce que nous ne sommes pas égaux devant la souffrance.

Devant la sensibilité non plus.

Mais il n’y a pas que ça.

C’est triste à dire, mais ça tiens beaucoup de l’estime de soi.

Plus vous avez de l’estime pour vous et plus vous vous rendez compte du décalage

entre ce que vous sentez que vous êtes, et  ce que votre agresseur essaie de vous faire ressentir.

Consciemment ou pas, ce n’est pas le problème.

quand une personne use envers vous de commentaires déplacés, de paroles blessantes, il y a une image derrière ça.

Celle de quelqu’un d’inférieur, de quelqu’un qui n’a même pas le droit de se défendre, ni le droit, ni la possibilité de le faire.

C’est vraiment malheureux, mais beaucoup de personnes finissent par croire, pour différentes raisons,

qu’elles ne valent rien.

Je le sais, ça m’est arrivé.

A cette époque, on pouvait me dire n’importe quoi.

Je pensais, à tort, que ça ne m’atteignait pas, mais ça faisait des dégâts.

Dégâts accentués par mon manque de réaction,

Ca s’accumulait.

Voilà ce qui se passe, si on subit du harcèlement, du mobbing, toutes formes de brimades, et qu’on ne fait rien:

ça s’entasse.

Et ça se mets à pourrir , à se changer en poison qui se distille dans nos âmes et nos corps.

Ca engendre la dépression, la maladie, la mort même.

Ca passe par des troubles obsessionnels, des tics de paroles, on cesse d’évoluer, on stagne dans ce marais de boue nocive.

On va jusqu’à sauto- persuader qu’on est à sa place, qu’on mérite ce qui nous arrive.

Et forcément tout nos liens avec les autres sont faussés.

On devient une victime à temps complet.

On rends les autres responsable, parce qu’il serait intolérable de prendre conscience de l’étendue de ses fautes.

On se résigne.

On pers ses amis, n chasse les nouveaux, pour ne pas s’attacher à quelqu’un qui fatalement va vous rejeter quand il aura compris qui vous êtes vraiment.

Et la merde attire la merde.

C’est dur ce que je dis, mais ça existe.

Heureusement l’instinct de survie, peut être plus fort.

Quelque chose se passe.

Une rencontre, un livre, une oreille qui arrive encore à entendre, un oeil qui s’ouvre, un enfant qui arrive, un animal qui par son soutien infaillible arrive à vous redonner le peu d »amour qui suffit à raviver la flamme.

Peut-être que c’est vrai, ce qu’on dit, qu’il faut toucher le fonds.

Toucher le fonds pour reprendre appui, et se donner l’impulsion pour remonter.

personne nne peut le faire à votre place.

Et petit à petit, vous grimpez, millimètre par millimètre, cette pente qui semble insurmontable.

Un tunnel qui semble infini.

Jusqu’au jour ou vous sortez la tête de l’eau, enfin!

Vous aspirez une goulée d’air.

Vous voyez la lumière et c’est si bon.

Ce qui est terrible, c’est qu’à cet instant, presque fatalement,, quelqu’un, comme si il était payé pour ça, vous remettra la tête sous l’eau.

Parce qu’il y a des lâches, et c’est plus facile de s’attaquer à quelqu’un qui ne peut pas se défendre.

Pas une fois, mais deux, trois quatre, dix fois, jusqu’à ce que vous puissiez nager jusqu’à la berge.

Jusqu’à ce que vous puissiez atteindre la terre ferme.

Vous relever sera encore une autre affaire.

Réapprendre à marcher.

A fonctionner normalement.

A prendre soin de vous.

Tout réapprendre.

Pour se retrouver.

C’est un long chemin jonché de ronces et de cailloux tranchants.

Vous serez encore blessés.

Mais peu à peu,

pas à pas,

des petits miracles se produisent.

Vous pouvez à nouveau sourire.

Rire.

C »est fou de penser qu’on peut rester des années sans rire unne seule fois.

Pleurer par contre, on sait.

Jusqu’à ce qu’il n’y aie plus de larmes, plus de cris.

Jusqu’à ce que la souffrance devienne votre vraie fausse-meilleure amie.

Une compagne si fidèle.

La au réveil, la au coucher, la tout au long de la journée.

On sy habitue au point, de ne plus vouloir la quitter.

La souffrance à horreur du bonheur.

dès qu’il apparaît, elle dégaine ses armes : méfiance, parano.

Je ne sais pas si j’ai eu de la chance, à quoi c’est du exactement, mais un jour, la conviction que je méritais d’être heureuse m’est revenue.

Après tout ce malheur, j’y avais droit.

Un bonheur inconditionnel.

Et j l’ai eu.

La naissance de ma petite-fille, fille de ma fille, avec son amour tout neuf,

si pur, si vrai que rien ne pourra le tâcher.

La souffrance à eu peur, devant tant de joie.

Elle s’est enfuie loin, très loin.

Alors voilà, quand on à fait ce parcours de la combattante, on devient forte, très forte.

Mais attention, on peut être forte et très sensible à la fois.

Parce que, contrairement à ce qu’on pensait , la sensibilité n’est ni une faiblesse, ni la responsable de nos problèmes.

Au contraire, la sensibilité est un pouvoir.

elle permet entre autre, de mieux comprendre les autres.

De mieux se comprendre soi-même.

Je me suis redécouverte, forte, courageuse.

capable d’élever seule mes deux enfants.

De faire face à l’adversité.

De supporter l’injustice.

De trouver des alliés.

Oh, bien sûr, ça ne m’a pas empêchée de commettre encore de nouvelles erreurs.

Mais désormais, je sais parfaitement comment on sort des précipices.

Je suis une alpiniste des précipices.

au point qe j’ai beaucoup plus de forces quand je  suis attaquée,

que lorsque rien ne se passe.

Alors voilà ou je veux en venir :

Petites ou grandes.

Pas question qu’elles s’accumulent à nouveau

 

D’accord pour me planter, mais pas pour prendre racine !

 

Le  meilleur moyen, pour éviter ça, c’est de s’exprimer.

 

Parler, écrire, chanter, hurler même,

faire de la photo,

dessiner,

cuisiner, n’importe quoi que l’on aime faire et qui nous apporte de la satisfaction.

Aucun danger à accumuler la satisfaction,

à faire des réserves .

Je refuse d’être définie ou jugée.

Je refuse d’être rabaissée.

Je suis un être humain qui mérite le même respect que chacun.

Ce que je fais ne regarde que moi tant que je ne blesse personne.

Par contre, si je suis la personne blessée, alors j’ai le droit , le besoin de m’exprimer à ce sujet, pour toutes les raisons que je viens de citer.

J’ai encore tellement de travail devant moi pour continuer d’apprendre à me connaître, pour m’améliorer, pour apporter au monde le maximum de mon potentiel.

Je voudrais seulement vivre en paix, me tenir loin des injustices

Parfois, j’ai envie de fuir à la montagne, et de vire en hermite dans un chalet paumé.

Mais ce serait d gaspillage.

Les autres ont tant à m’apporter et j’ai tant à donner aux autres.

Je ne suis plus une combattante à temps plein.

Je suis une apprentie,

une étudiante de la vie.

 

D’accord pour me planter,,

mais pas pour prendre racine.