Tondue

-Elle est lesbienne ?

-Non, non, bouddhiste !

-Moi je crois quelle a le cancer.

-Mais non ! c’est une skinhead !!

-Ou alors, elle à couché avec un allemand pendant la guerre …

Heureusement, on est en 2018, et ce genre de réflexion, je ne les entends que dans ma tête.

Vieux restes de commentaires, quand, il y a 30 ans, je me suis tondue pour la première fois.

Maintenant, je ne compte plus.

c’est devenu presque une habitude, depuis cet été.

Je rase et rerase.

Avec une tondeuse, ça va très vite.

Quelques minutes suffisent.

Quand c’est la première fois, c’est un peu plus long.

Et puis, il y a le choc…

Il faut le dire, ça fait vraiment un choc.

On a qu’une envie, se trouver un foulard, un chapeau, une perruque.

N’importe quoi pour cacher ça.

Et espérer que tout les miroirs du monde n’aie pas encore fait cette mise à jour.

Que tout les habitants de la planète deviennent aveugles, ou alors se rasent aussi pour ne pas être tout seul.

Alors, on tente le foulard et c’est pire… ce qu’on cache se devine encore plus  et attire l’attention sur le fait que justement on cherche à cacher…

Alors, on y va, on sort.

Le vent caresse doucement notre crâne mis à nu.

Ca fait du bien.

Et puis, on se rends compte qu’on est pas toute seule.

Les hommes se comptent par dizaines. par centaines  si on est en ville.

Quand aux femmes, tiens! une mère et sa fille.

Une jeune maman avec sa poussette.

Toute une famille avec les enfants qui courent devant et la mère tondue, et superbement bronzée.

2018, on évolue et c’est bien.

en quoi c’est évoluer que de se raser ?

Parce que c’est un dépassement de soi.

S’affranchir de son image habituelle.

Passer par-dessus les codes de beauté.

Envoyer bouler l’industrie de la mode, et des produits de beautés devenus inutiles.

Redécouvrir les vertus des huiles et les bienfaits des massages crâniens.

Bien sûr , ça marche aussi avec des cheveux, mais c’est pas du tout la même sensation.

Quand on a le visage  nu, on ne peut plus se cacher derrière une mèche, une frange, détourner l’attention par des bouclettes.

On est soi.. 100 % soi.

Fini les couleurs qui nous donnent l’air d’une vieille qui veut avoir l’air jeune.

J’habite à Bienne, et  ici, l’originalité ne nous fait pas peur.

Alors je mets le beau sarouel aux couleurs pétantes offert par Maude,

le foulard d’Isa et ma nouvelle jaquette en solde.

Et je vais promener le chien

 

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