Qui a peur du grand méchant loup?

Ok, c’est facile.
Je suis là, en Suisse,.
Bien au chaud, ou presque ( j’ai fait du feu, mais j’ai encore ma doudoune) dans mon grand appartement que j’aime tant.
J’ai à manger et l’Etat se charge d’assurer la subsistance du membre de ma famille qui en a besoin.
Je suis heureuse de vivre en Suisse.
Bien sûr que tout n’est pas parfait.
Mais si j’essaie, une minute de m’imaginer vivre ailleurs, alors, je sens la chance que j’ai.
J’ai internet, je peux m’exprimer, dire ce que je pense.
Je peux critiquer avec force le monde entier.
Il ne se passera strictement rien, pour moi, ni pour ma famille.

Si j’habitais en Russie, je pourrai rien faire de tout ça.

Déjà, j’aurais d’autres soucis.
Comme assurer la subsistance du membre de ma famille qui en a besoin.
Puisque l’Etat aussi aurait d’autres soucis.
Mais comment ferais-je pour à la fois travailler et être à la maison pour m’occuper de mon enfant ?
Pour payer le spécialiste qui s’en occupe si bien ?
Pour le nourrir l’habiller, veiller à ce qu’il ne se laisse pas envahir par la dépression fatale pour le personnes comme lui ?
D’ailleurs, est- ce que je serais si bien renseignée sur ses besoins spécifiques ?
Est-ce que j’aurais pu obtenir le diagnostique qui me permet de le comprendre ?

Si j’habitais en Russie ou en Corée du Nord, je n’aurais pas tout ça.
Pour la simple raison que ces deux pays sont gangrenés par le dictateurs qui les dirigent et la corruption qui règne en maîtresse du jeux.
Je serais peut-être déjà morte de faim.
Je me serais écroulée sur le trottoir et les passants.. passeraient à côté de mon cadavre, indifférents.
Pire : habitués.
Et si j’avais la force de vivre, ce serait dans la peur permanente de faire une faute.

Même si j’arrivais à une sorte de perfection, j’aurais peur quand même
d’être accusée à tort .
de n’avoir aucun moyen de me défendre.
De souffrir-
De voir ma famille souffrir.
Si j’habitais en Russie
Je serais née dans une société si pourrie que tout ça, à défaut d’être acceptable,
me semblerait normal.
Peut-être que j’aurais assez d’informations pour savoir que , dans le monde, d’autres pays existent ou je pourrais vivre libre.
Mais comment trouver les moyens et le force de partir ?
Et pour quoi devrais-je quitter mes amis, ma famille. mon pays que j’aime malgré tout ?
Alors que je n’ai rien fait de mal.
Me révolter ?
Bien sûr que j’aimerais me révolter.
Tout mon coeur et mon corps crieraient leur dégoût de ma situation.
Crieraient en silence, parce que j’aurais peur.
Peur de l’horreur.
Je saurais ce qui arrive à ceux qui osent faire entendre leur voix.
Ou simplement l’écrire.
Je serais arrêtée, torturée, envoyée dans l’enfer des camps.
et mourir,
si j’ai de la chance.

Mourir empoisonnée ou mourir épuisée et affamée, privée de tout soin, battue, jusqu’à ce que je n’aie plus aucune force.
Dévastée d’avance à l’idée que ma famille connaisse le même sort.

Alors, c’est facile
de dire que mon peuple devrait se révolter. quand les soldats sont là et qu’on connaît les conséquences.

Une simple fleur …
Un œillet rouge en mémoire d’Alexei Navalny,
Navalny est mort.
Le dernier grand opposant au régime de la pourriture qui dirige la Russie dans le sang et l’effroi a été assassiné.
Comme je pourrais l’être, si j’habitais en Russie.

Mais heureusement pour moi, je suis suisse…
Bien au chaud maintenant dans mon salon, avec ma télé allumée assez de chaînes et internet pour avoir différents avis sur les informations.

Pour cette version de moi qui pourrais exister ailleurs.
En Russie-
Pour cette femme qui n’a pas droit à la parole.
Pour cette maman que j’ai vu se faire arrêter.
Cette maman qui criait qu’à la maison son bébé l’attendais,
mais qu’ils ont arrêté quand même.

Pour une fleur qu’elle voulait déposer.
En mémoire de l’homme qui incarnait le courage à défaut de l’espoir.
Navalny.
Je ne vais pas vous refaire l’Histoire.
Pour ceux que ça intéresse, vous savez qui c’est.
Pour les autres,il suffit d’allumer sa télé.

Apporter une petite fleur pour un mort et se faire arrêter pour ça.
*elle n’avait qu’à pas laisser son enfant * ?
Pardon ????
Mais qui dit qu’il était tout seul ?
Ca n’empêche pas qu’il aura besoin de sa mère.
Connaissant les risques, elle aurait du rester à la maison ?
Vous comprenez ce que je veux dire ?
Cette femme , il fallait qu’elle agisse.

Ne rien faire c’est un peu comme mourir.
Comme nier son humanité.
Comme accepter de se faire presser la tête contre le sol, encore plus bas, encore plus fort.
C’est insoutenable.
Alors, elle est sortie.
Avec le peu d’argent dont elle dispose, elle à acheté un œillet rouge,
Un luxe en hiver.
Certainement, elle n’étais pas loin de chez elle.
Elle à du se dire que ce serait vite fait, elle qu’elle pourrait rentrer vite, à la maison.
Du moins, elle à espéré.
Elle à pris le risque.

Elle ne rentrera pas, pas ce soir.
Peut-être pas non plus dans une semaine, dans 5 mois, dans 5 ans…
tout est possible, dans une dictature ou la vie humaine ne compte pas.
.
Le pire, c’est que la fleur en question , le geste ne compte pas.
Ce qui importe, ce qui est punissable, c’est la pensée.
La raison de son acte : commémorer un dissident, et fait aggravant, en même temps que d’autres.
Elle est devenue une manifestante.

En Russie, on ne manifeste pas.
On ne se réunit pas pour donner son avis.
En Russie, on envoie les gens au goulag pour moins que ça.
On, c’est le pouvoir, le monstre qui c’est hissée jusque là-
Lui et ceux qui le soutiennent.

On en arrive où je veux en venir.
Qui suis-je ?
Qui me lit ?
Est-ce que nous avons de l’importance ?
Est-ce que cette Terre n’est pas la nôtre ?
Est-ce que nous pouvons supporter . accepter le projet d’un successeur de Staline et d’Hitler, pour ce monde qui nous appartiens ?
Est-ce que nous allons attendre qu’il vienne chez nous pour réagir ?
J’ai peur moi aussi quand j’y pense.

Je refuse d’avoir peur `.
Je n’accepte pas qu’une femme qui pourrais être moi n’aie pas le droit d’honorer la mémoire d’un défunt.

Alexei Navalny.
Poutine croit que cacher ton corps te fera disparaître.
Désormais, ce sont nos coeurs qui te serviront de sépulture.

Les fous me font peur, parce qu’ils sont capables de tout.

Poutine tu ne peux pas m’enfermer ni m’empêcher de te critiquer.
Alors je ne vais pas me gêner.
Je vais parler pour celles et ceux que tu condamne, que tu assassine,que tu réduis au silence, et que tu torture.
Tu mérite qu’il t’arrive pareil.

Je suis triste de voir sur nos réseau l’indifférence à ces nouvelles de Russie.
Comme si ça ne nous concernait pas.
Ca me fait penser à la phrase :
Quand ils sont venu chercher mon voisin… vous savez ?
Je n’ai pas réagit.
Alors, quand ça nous arrivera à nous .. qui s’en préoccupera ?
Alors bien sûr, on ne va pas s’arrêter de vivre.
Surtout pas.
Ni de vivre.
Ni de rire.
Surtout pas arrêter de rire.

Se moquer des canapés ridicules que Poutine aime tant et qu’aucun cul n’occupe tant ils sont précieux.
Se moquer de ses vidéos de propagande ou Poutine, cheveux aux vents… pêche, chasse, et sauve le monde, comme un Bruce Willis version russe et dégénérée.

Tout en gardant en tête cette réalité :
Regardez ce qu’il fait à son propre peuple… et Poutine nous hait, mous les occidentaux.
Imaginez alors, ce qu’il nous fera dès qu’il en aura l’occasion.
Il a déjà commencé.
Je ne veux pas finir là-dessus.
Je veux, comme cette femme, qui avait toutes les raisons de croire qu’il n’y en à plus, garder l’espoir quand même.
J’ai assez d’imagination pour ça-

Parce que je le sais, tout est possible.
Personne n’est éternel.
Seule, le recommencement de l’Histoire, l’est.
Les dictateurs meurent.
Les Révolutions naissent.
Une fois la tête tranchée, aucune autre ne repoussera.
Ce sera le grand bordel.
Et nous aurons la paix.
Qui aura le courage d’éliminer Poutine ?
S’il suffisait de presser sur un bouton, je n’hésiterais pas une seconde.
Je préférerais encore qu’il souffre.
Longtemps.
Qu’il perde tout ce qu’il à volé.

J’ai dit que je voulais finir sur une note positive.
C’est difficile, parce que je suis dévastée par la mort de Navalny.
Comme si ça ne suffisait pas, voilà que maintenant, sa famille ne peut même pas voir son corps.
Du coup, la version officielle du malaise déjà tellement suspecte, s’aggrave encore.

Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer que Poutine n’aie plus supporté la beauté, l’humour et le courage de Navalny.
Parce qu’il était tout ce qu’il ne sera jamais.
Aimé.
Qu’il aie voulu le faire souffrir davantage, et qu’il aie réussi.
Je prie pour que ça ne soit pas le cas.

Navalny, inspire moi, que dirais-tu, toi ?
Toi qui t’adressais à tous comme à des égaux.
Qui plaisantais dans le pire des cas et gardais le sourire.
Toi qui ne t’apitoyais jamais.
Navalny tu es mon héro.
Je t’aime et je t’admire, je le dis au présent parce que tu es entré dans l’immortalité de l’Histoire.
Tu es bien plus qu’un martyr.
Tu es tout ça, le symbole de ce que l’humanité à de beau.

Voilà je sais ce qu’il faut dire :
On croit Poutine très fort, lui et ceux qui l’accompagnent.
En réalité c’est très loin d’être le cas.
Poutine est fou, et ses valais sont une bande de bras cassés-
La preuve en deux actes :

1. Son opération spéciale qui devais durer deux semaines… on y est toujours… et Poutine en est à vider ses prisons pour envoyer des nouveaux soldats…
2. Dans son enquête pour éclaircir les circonstances de son empoisonnement, Navalny réussi assez facilement à se procurer le numéro de téléphone d’un des deux sbires qui le suivait partout, et lui demander des détails sur sa façon de procéder.
Regardez le documentaire, primé, Navalny, c’est un des meilleurs passages.

2b. l’équipe de Navalny hacke l’ordinateur d’un haut responsable poutinien.
Son mot de passe c’était Moscou 1.

Le type se rends compte du piratage et change son mot de passe. En… vous allez rire… Moscou 2 !
La trosième fois, il aura compris, il va prendre autre chose, c’est sûr ! Ben non. Ce sera Moscou 3.
Et je vous jure que c’est vrai… il y a eu encore un Moscou 4.

Voilà pourquoi, quand je pense à Poutine, et que j’ai peur, je me rapelle de ça.
Moscou 4.

Voilà ceux qui entourent Poutine.
Pas des gens compétents et intelligents.
Poutine à horreur de tout ce qui lui fait de l’ombre.
Vous pensez vraiment que ces gens là lui sont loyals par amour ?
Par amour oui, mais de l’argent et du petit pouvoir , pas de Poutine.
Maintenant que j’ai vu cette femme et d’autres le braver encore, fleur à la main, je veux croire que le peuple russe se révoltera davantage.

Quand à nous, rappelons nous de Navalny
Et de Moscou 4 !

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