Pleine

Hier était une journée pleinement artistique.
Je dois m’accrocher.
PArce que même si je travaille beaucoup en ce moment, je suis complêtement fauchée.
-Mais tu fais des shootings ?
Ben oui, mais les derniers, c’était des bons achetés il y a plusieurs mois.
Donc ces derniers jours je me nourris de tartines, avec de moins en moins de choses à mettre dessus.
Je sais bien qu’un jour je serai tellement blindée que mon seul soucis sera de savoir comment je vais dépenser ma fortune.
Mais je n’y suis pas encore.
En attendant, je m’accroche.
Parce que ça vaut la peine.
Je me contenterais bien de cette reconnaissance qui me comble l’âme.
Mon estomac, lui par contre, ne s’en contentera pas.

Parce que le piège est là.
Combien d’artistes ont renoncé pour cette raison ?
T’as qu’à faire un travail « normal » …
Taka…
J’ai essayé,vous pensez bien, et j’ai vu ce que ça donne.
Je ne veux pas dramatiser, mais autant me jeter aux crocodiles

Hier j’étais crevée, physiquement, par contre, j’avais le coeur content.
Donc je m’accroche, je garde confiance en touchant mon parquet en bois,
histoire de me porter chance.
Pour faire une photo, une seule photo,,
il me faut toute une soirée.
Pour chercher les paramètres qui feront l’effet voulu.
Pour essayer des choses et recommencer.
Recommencer encore, peaufiner.
Trouver des techniques détournées.
Douter, faire et refaire.
Ensuite, je tremble.. à l’idée que peut-être,
la personne qui est sur la photo ne l’aimera pas.
Je devrais me faire à l’idée qu’on ne peut pas plaire à tout le monde.
Mais forcément, quand vous passez plus de 4h sur un truc,
le voir balayer d’un mot, d’une petite phrase… ça fait mal.
Je sais que ça peut se produire.
Mais je fais quand même, en espérant que non.
Lorsque ce que je fais plait, la c’est le feux d’artifice.
La motivation qui reviens et me permet de continuer,
même si je ne sais pas comment je étiqueter mes sacs poubelles
et me racheter des grenades.
-C’est le matin de l’auto.pleignage ?
Non, c’est le matin de la constatation.
J’aimerais tellement, mais alors tellement vivre dans un monde ou chacun
pourrait donner ce qu’il a a offrir aux autres, sans avoir besoin d’argent pour vivre.
Il m’arrive d’en demander, mais ça m’est de plus en plus insupportable.
Parce que tout le monde à besoin d’argent.
Et pourquoi les autres devraient m’aider si je ne suis pas foutue de le gagner moi -même ?
Plutot mourir que de retourner aux oeuvres sociales.
Et puis tout est relatif, je n’ai pas 10 cts pour faire mes commissions, mais je dois bien avoir de quoi faire des crêpes dans mon frigo.
J’ai des petites plantes dans mon jardin pour me faire du thé.
Dans le monde il y a des gens qui ont vraiment faim.
Qui se lèvent le matin, regardent autour d’eux et ne voient que la misère.
Moi j’ai un ordinateur, une connexion internet qui fonctionne.
Des amies qui participent à mon opération Top Model.
Je commence cet après-midi avec Aurore.
Je suis sur mes deux jambes, pas trop mal conservée pour mon âge.
Et surtout, surtout, j’ai une bonne étoile.
Donc voilà, je suis fauchée, mais je fais tout ce que je peux pour me faire de la pub et avancer.
Je ne suis surtout pas à plaindre.
J’ai la vie que je veux, et je sais ou je vais.
En premier, je vais me faire des crèpes.

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