La barrière invisible

Elle est belle, son sourire éclatant, est digne d’une publicité pour dentifrice.

Elle à fait des études, brillantes.

De son cerveau emergent des idées neuves pour le présent et le futur de sa communauté.

elle est jeune, mais déjà tellement prometteuse.

Ses parents sont fiers d’elle, son copain est fier d’elle.

Quand elle aura terminé ses études, elle fera ce qu’elle voudra, peut-etre même un peu de politique.

Dans sa ville multi-culturelle, elle brillera.

Fera un ou deux enfants.

Partira en vacances dans un lieu exotique.

Aura une belle maison avec un jardin.

Une belle vie.

Et c’est tant mieux.

Elle le mérite.

 

Dans la même ville, vit une autre femme.

 

Elle n’a jamais été belle.

Un terrible accident l’a privé de sa mère et endommagé son cerveau.

Elle à essayé de faire des études.

Elle avait même quelques amies.

Mais quand on est abîmée depuis le début, la marge fini souvent par nous rattraper.

Par l’engloutir, peu à peu, jusqu’à ce qu’elle s’y réfugie toute entière.

Derrière cette barrière invisible qui sépare les gens d’une même ville.

Elle se traîne, depuis des semaines.

Avec son sac à deux, rempli de ses mauvaises habitudes.

De celles qui ont la vie dure.

Elle est si maigre, que ses jambes dessinent en relief la carte de ses veines.

Pourrie de l’intérieur.

Chaque jour qui passe est un enfer de plus à traverser.

Elle ne sait pas ou aller.

C’est de sa faute.

Elle n’a pas su mentir pour entrer dans la case qui aurait pu la sauver.

Elle ne sait pas mentir et les efforts des travailleurs sociaux qui l’aident sont saccagés par ses mensonges qu’elle ne sait pas dire.

Elle dort ou elle peut,

Dans une cave, souvent.

Toute seule.

Elle ressemble à une vieille petite fille.

Rien ne semble pouvoir la sauver d’elle-même.

Ces deux femmes habitent la même ville.

Elle passent la journée sous le même soleil.

Comme deux fleurs.

Une va s’épanouir, tandis que l’autre est en train de crever.

Ce n’est la faute de personne.

Je constate, c’est tout.

J’aimerais qu’il existe un lieu ou la deuxième puisse vivre , en sécurité.

Dormir une vraie nuit, sans qu’on lui prenne ses pauvres affaires.

Il y a bien des foyers qui recueillent les gens comme elle

Sauf qu’elle à dit la vérité.

Une vérité qui fait peur.

Elle n’aura pas sa place.

Comme si elle était déjà perdue.

Et qu’on attendait que la vie lui règle son compte. définitivement.

Sa maladie, c’est tout ce qu’elle a.

Elle ne peut pas dire qu’elle va se soigner.

Ca fait tellement partie d’elle que c’est devenu elle.

Alors peut-être qu’elle pense que, sans elle, elle n’existera plus.

Elle s’accroche à la vie d’une manière que personne ne comprends.

 

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