Blues…

Je ne sais plus quoi penser.. mes certitudes sont brisées en mille éclats,

qui ne scintillent même pas.

Mon ami aurait eu un accident si tragique, que l’image qui m’en vient est insoutenable.

Je croyais que c’était pour un problème de coeur, parce que c’est ce qu’on m’avait dit.

Mais le jour suivant, on me dit tout autre chose…

Un accident de travail,

Ce qui me semble malheureusement bien plus vrai, mais quel accident…

Par respect pour ses proches, je ne vais pas trop épiloguer là-dessus.

Le fait est que ceux qui l’ont connu, restent choqués de sa disparition soudaine.

Comme si une lumière c’était éteinte, rendant le monde un peu plus sombre.

Quand je regarde encore sa photo, je vois une souffrance que je n’avais pas remarqué, avant.

Les photos figent les gens et les choses, les rendent accessibles.

Dans un sens…

Ca montre une part , des parts de nous, qu’on essaie de cacher par le mouvement,

En vérité nous sommes des êtres très complexes.

Et qu’est-ce qu’on en fait ce cette complexité ?

De ces émotions qui nous traversent, au détour d’une chanson.

Celle qui me bouleverse en ce moment, c’est « Zu Asch zu Staub » chanté par Severija et le Moka Efti Orchestra. C’est dans la série Babylon Berlin.

Je ne sais pas pourquoi ces notes, cette voix basse me touchent autant, spécialement le refrain.

Sûrement, parce que les paroles sont magnifiques.

A la fois simples, et belles.

Et que les composteurs de cette oeuvre,  sont de grands musiciens , de vrais artistes.

Il faut l’être pour saisir tout ce que cette période ,  les  « Goldenzwanziger » tellement particulière pouvait avoir de complexe.

C’est la période fascinante, après la première guerre mondiale.

Les cabarets, le cinéma,, la libération des moeurs, y est extraordinaire.

Rapellez-vous, mesdames, comme la mode est loin d’être un sujet superficiel :

essayez de vous imaginez corsetée, boutonnée de nacre si minuscule qu’il fallait une servante pour vous habiller.. si vous en aviez les moyens.

Imaginez vous faire du sport, ou simplement courir, engoncée dans un pressoir à formes, qui vous empêchait de respirer ?

Alors, je suis d’accord, c’est très joli un corset, mais de temps en temps pour sortir, avec les baleines souples, qui maintiennent sansétouffer, pas comme celles quu’on avait autrefois,

Dans les années 20, sous l’impulsion entre autre de Coco Chanel, le corset disparaît, au profit de vêtements plus simples et pratiques.

On porte le pantalon, et même, à Berlin en tout cas dans les milieu ou se situe l’action, les femmes se travestissent entièrement, les hommes aussi d’ailleurs.

Elles travaillent aussi, enfin… il en aura fallu du temps pour qu’on puisse occuper toutes les places autrefois, bizzarement réservées aux hommes.

Je ne dit pas ça en tant que féministe, je ne le suis pas.

Par contre, la liberté devrait être à tout le monde.

Nous ne sommes pas une minorité.

Par contre nous avons, et nous sommes encore dans bien des endroits du monde, opprimées.

Ca semble fou de penser qu’il y a à peine 50 ans en Suisse ,nous n’avions pas le droit de vote partout…!

Comme si nous étions bête, soumises, incapables de savoir ce qui est bien ou pas.

Juste des gourdes à remplir pour assurer la descendance…

 

Rappelez-vous que c’était ainsi, et que certaines ont payé cher pour que nous puissions nous balader en short!

Mais je m’égare encore.

Dans cette période, la libération semblait une fête partagée.

Je regarde beaucoup de séries historique, une autre sur l’histoire de la communauté LGBTQ etc.., démontre qu’en Amérique, en tout cas, la connexion dans le même combat entre les femmes et les hommes, n’est pas venu facilement.

Et ça, bien des années plus tard.

Certainement tout ça est bien plus compliqué.

Il faut tenir compte du fait que nous avons du nous battre, enfin certaines de nos ancêtres, pour accéder à des postes politiques.

Tandis que les hommes, avaient d’actifs sympathisants bien placés, leur permettant d’avoir des autorisations pour tenir des lieux qui leur étaient réservés.. les femmes devaient se cacher, pour ne pas perdre leur emploi.

Ah bien sûr, je ne dit pas qu’être gay pour un homme est plus facile que pour une femme, à aucune époque d’ailleurs.

Il y aura toujours , et c’est bien malheureux des gens pour condamner les autres pour leur différence.

Comme si nous n’étions pas, d’office , tous différents.

Je suis peut-être naïve, mais je ne comprends pas comment et pourquoi nous, les femmes devions nous battre pour avoir un salaire égal, par exemple.

Une question de force, de domination ? Ca me semble si primitif, tout ça…

J’ai parfois ressenti le mépris ,par exemple, à l’hôpital, je n’y ai travaillé qu’un jour, tant j’ai été choquée par le traitement réservé aux employés , suivant leur qualification.

C’était le jour des nouvelles admissions. nous étions tous réunis dans la même salle pour recevoir nos habits de fonction.

Tandis que les médecins se saluaient comme de vieux potes, alors qu’ils ne se connaissaient pas la seconde d’avant, les préposées aux nettoyages semblaient invisibles à leurs yeux.

Comme si elles n’existaient pas.

Pourtant, elles étaient à côté d’eux.

Mais pas un regard, rien.

Alors qu’ils allaient les croiser tout les jours.

Certains daignaient saluer les nouvelles infirmières,

mais pas le reste du groupe, les sans-qualifications dont je faisais partie ,

Je m’en suis étonnées, mais celles qui avait déjà bossé ailleurs m’ont dit que c’était normal…

Après, j’ai du remplir des sachets de poudre laxative toute la matinée… avant de récurer les corridors.

J’aurais pu le faire plus longtemps mais pas en étant invisible…

Sensible comme je suis, cette indifférence me traumatisait.

C’est si important pour un être humain d’être considéré comme tel,

Même les animaux se saluent quand ils se croisent.

Tenez, hier je suis passée devant une vitrine avec un chien en résine,

vraiment bien fait.

Ma Prisca s’est mise à aboyer et gratter la vitre….

Pour en revenir à ma chanson du départ, elle me touche parce qu’elle provoque des émotions.

Je ne sais pas si bien l’allemand, alors j’ai regardé la traduction.

Ca parle de la mort, qui n’est pas encore là, et de l’éternité que l’on peut traverser à deux.

C’est à la fois sombre et entraînant.

Comme si il y avait une urgence à être, pendant qu’on peut.

A être et à aimer.

Aimer la vie, les autres, s’aimer soi-même.

Pendant que c’est encore possible.

 

L

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