Rock’n roll City : by by Didier

On les appelait « Les Rockys » et c’était les années 80, à Bienne.
Reconnaissables à leur bananes, la coupe de cheveux typique, et le blouson Shott, en cuir.
Noir de préférence.
Ils avaient leurs propres règles, ils aimaient la bagarre. et le rock’n roll.
C’est drôle , quand on y pense,
Ces jeunes suisses, si loin de l’Amérique, fascinés par un pays et une époque qu’aucun d’eux n’avait connu.
Je ne sais pas ce qu’ils pouvaient penser, même si je les ai fréquenté d’assez près.
Mais le côté bagarre me faisait peur.
Je n’avais pas la mentalité, ni ce qu’il faut pour être une de leurs compagnes.
D’ailleurs, elles étaient toutes aussi impressionnantes.
Il ne fallait pas approcher leurs hommes!

J’ai pris un peu de distance, mais on trainait dans les mêmes endroits.
La Villa, le Tyff.
Alors, on se connaissait.

Malgré leur réputation, leur sens de la justice tout-à-fait personnel,
ils ne m’ont jamais manqué de respect.

Je n’oublierai jamais la fois ou ils m’ont trouvé devant la gare.
A 5h du matin, toute seule avec mes affaires.
Je devais partir en camp de vacances, en France, mais je m’étais trompée d’heure.
On était parti sans moi.
Pas de natel à cette époque pour prévenir..
Bref, j’étais là, , seule dans la nuit, quand soudain, une magnifique voiture américaine
s’arrête sur la route.
La vitre se baisse et je reconnais la banane et les lunettes du conducteur.
-Qu’est-ce que tu fais là ?
J’explique.
-Monte, on va les rattraper!
Alors, j’ai grimpé dans la superbe bagnole et on a roulé presque jusqu’en France.
Aussi fou que ça puisse paraitre, ils y sont arrivé.
On les a rattrapé!
Avec une magnifique queue de poisson pour stopper le mini-bus du camp.
Le responsable est sorti, terrifié.
Jusqu’à ce qu’il me voie, ébahi, débarquer avec mes affaires.
Le temps de se faire enguirlander par mon conducteur, pour s’être permis de partir sans moi.
Que j’adore ce souvenir !!

Je me souviens d’une autre fois, pas si lointaine, ou encore une fois, l’un deux m’a sauvé la mise ,
alors que j’étais très en retard pour un shooting.

Et quand j’ai trouvé un immense miroir dans la rue, c’est encore l’un deux qui me l’a transporté en camionette.

Des histoires de Rockys, j’en ai plein, mais elles ne sont pas toutes racontables :).

Le temps a passé.
La plupart se sont mariés ont eu des enfants.
Et même des entreprises.
Mais ils n’ont jamais reniés ce qu’ils étaient, et ce qu’ils seront toute leur vie.

des Rockys.

D’ailleurs , même si elle est un peu moins évidentes, la fameuse banane, on la devine encore sur la tête de certains.

C’était ça et ça l’est encore pour moi, les Rockys :

une dégaine de voyou

avec un coeur en or.

Aujourd’hui, j’ai appris une triste nouvelle.
Didier n’est plus.
J’ai du faire un petit effort de mémoire pour me souvenir, en voyant sa photo de cinquantenaire.
Je ne l’avais plus revu depuis la grande époque.
Et puis, le sourire, la gentillesse de Didier m’est revenue.
Sa silhouette de l’époque aussi.
Pantalons noirs serrés, Shott noire aussi ,banane noire encore, et sa clope au bec.

J’ai appris qu’il avait une famille et qu’ils jouaient du rock ensemble.
Que c’est le cancer qui l’a enlevé.
C’est très triste.

J’adresse à sa famille , à ses amis, mes plus sincères condoléances.

Personne ici n’oubliera le sourire et la gentillesse de Didier.

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