Parole et paroles…

Parfois, je ferais mieux de me taire.
Être un peu plus attentive à ce qui se passe autour de moi, au lieu de me lancer dans de grands discours, comme si je savais tout…
Bien sûr que je ne sais pas tout.
Mais le pire, c’est de blesser quelqu’un sans m’en rendre compte, simplement parce que je n’ai pas écouté, pas entendu ce qu’il disait.

Ça m’est arrivé hier.
Je croyais que nous étions simplement en train d’échanger nos avis sur un sujet délicat :
La mort d’un très jeune enfant.

Ben oui, quand je vous dis que je ferais mieux de me taire…
C’est sûrement l’un des sujets qui touche tout le monde et suscite le plus de compassion.
Nous avons tous, autour de nous, dans notre histoire, des familles qui ont vécu ce terrible drame.

Ma chère marraine a perdu deux de ses enfants.
Elle en a eu d’autres, mais un enfant ne se remplace pas.
Quand je dis que quelqu’un de ma famille a donné le même prénom au garçon né après celui qui est décédé, les gens ne comprennent pas.
Et pourtant, il a eu une belle vie.
Mais les parents restent marqués à jamais.

Je revois ma grand-maman, tremblante de peur lorsque je montais à cheval.
Quand son fils est décédé, ce que ma mère m’a raconté de la souffrance inouïe de la sienne m’est resté, avec les images qui vont avec.
Même si je n’étais pas là pour le voir.

Hier, un petit garçon de trois ans, un petit Louis, a quitté cette terre sans raison apparente.
Je ne le connaissais pas, ni ses parents, mais je connais son oncle.
Nous avons essayé de le réconforter, mais je crois qu’à ce moment-là, lui-même ne réalisait pas encore.

Juste avant — peut-être justement parce qu’il semblait comme d’habitude — je participais de loin à la conversation.
Je n’avais pas compris que cela le concernait d’aussi près.
C’est là que j’ai donné mon avis, alignant des phrases creuses, dénuées d’empathie.
Enfin, c’est sûrement ce qu’il a ressenti.

Bien sûr, quand j’ai compris à quel point ça le touchait, je me suis excusée.
Mais ce matin, je m’en veux encore.

Je devrais toujours me rappeler que lorsqu’on parle d’un sujet aussi délicat, il peut y avoir quelqu’un que cela atteint plus que les autres.

Qu’est-ce qu’on peut dire aux amis qui ont perdu un enfant ?
Je n’ai pas peur de la mort, je suis convaincue que l’étape suivante sera magnifique.
Que celui qui part est, en quelque sorte, récompensé en y allant plus tôt.

Mais ça ne console pas ceux à qui il va terriblement manquer.
On leur souhaite du courage, on leur envoie de la force, mais est-ce que ça sert à quelque chose ?
On déballe des phrases toutes faites sur les étoiles, tandis que les proches réalisent tout ce que leur cher disparu ne vivra jamais.
Et tout ce qu’ils perdront du coup.

Oui, vraiment, ce n’est pas facile de savoir quoi dire.
Dieu lui-même semble particulièrement injuste.
On ne le comprend pas, on doute de lui, on le rejette.

Alors, que reste-t-il ?
Trouver la force de s’ouvrir, pour donner à d’autres cet amour, cette attention que l’on offrait à celui qui est parti ?
D’autres se replient.

Chacun fait son deuil à sa façon, et personne n’a le droit de le juger.

Quand je reverrai mon ami, je me contenterai de l’écouter.

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