La nuit, tu l’entends taper

Hivers 1990 El Golea Sahara Algérien
C’est la nuit.
Une nuit profonde et noire.
Dans ce petit camping entouré de hauts murs, se trouve aussi de petites maisons.
Enfin, maison, c’est un grand mot… 4 murs, un toit de tôle.
Pas de fenêtre.
Une ouverture pour la porte et un sol en terre battue.
Le grand luxe pour les rares voyageurs qui traversent le Sahara en ce temps là-

C’est la nuit.
Ps très rassurée, dans cette obscurité si totale que l’oeil ne peut rien distinguer.
elle essaie de dormir.
Mais le bruit d’une génératrice, quelque part dans le camping est insupportable.
Elle suppose que c’est une génératrice.
Quand on est loin de chez soi, que rien n’est comme d’habitude, on essaie d’identifier le moindre son.
Ca rassure.
Ca rassure, mais ça n’aide pas à trouver le sommeil.
Elle se tourne, se retourne, accompagnée par ce vacarme incessant.
Au point de sembler s’intensifier au fil des minutes.
Sur sa montre à Quartz, il y une fonction lumière.
3h du matin.
Elle est épuisée par le voyage ; les kilomètres en voiture sur la seule route qui mène à Tammanrasset.
Une route si pleine de trous et de cailloux que conduire ressemble à un parcours d’obstacle.
Il faut qu’elle dorme.
Elle essaie la respiration.
La prière même !!
Rien n’y fait.
Dieu ne veut pas arrêter cette foutue machine.
Et c’est tant mieux.
Comment s’en rends-t- elle compte ?
Peut-être en se grattant l’oreille?
Il se passe quelque chose.
Et là, elle comprends.
Dans la nuit noire , si profonde qu’on ne voit absolument rien, ce n’est pas seulement la lumière qui manque.
Le bruit aussi.
Aucun oiseau, aucun chien , aucune voiture.
Pas de vent non plus.
Ce bruit infernal ne vient pas du dehors.
Il vient de l’intérieur.

De son intérieur.

C’est le bruit de son coeur
qui tape
et fait circuler le sang dans ses oreilles.

Cet hiver là, ce coeur qu’elle pensait déchiré ,
ce coeur présenté tant de fois sur un plateau d’argent avant de se faire laminer.
Ce coeur là, le seul qu’elle avait et qu’elle n’aurait jamais,
se rappelait à ses oreilles.

Le lendemain matin, elle s’apperçut qu’on lui avait volé son jeans qui séchait sur une cordelette devant la maison.

Avec le raffut de son coeur,
elle n’avait rien entendu.

Retour ver le présent.
Mon coeur, je ne l’entends pas, avec le bruit de la civilisation tout autour de moi.
Mais je le sens parfois.
Il me fait mal, comme si quelqu’un à l’intérieur le serrait dans son poing.
Ca dure quelque longues secondes.
Si je frappe contre ma poitrine, alors l’étreinte se relâche.
Ca m’arrive assez souvent pour le savoir.
Mais l’autre jour, je me sus retrouvée face à une personne bienveillante, avec, moi aussi de bons sentiments.
On se parlait, et quelque chose est passé.
S’est passé.
Un truc bizarre et inédit .
Mon coeur s’est rempli.
Comme un réservoir.
Pas en entier, juste un quart.
Je ne l’ai pas seulement senti, je l’ai vu .
J’ai vu le tuyau et le réservoir.
Passer de elle à moi.
Juste le temps que ça passe.
C’était doux et agréable.
Plus spirituel que physique, par contre.
Comme une sorte de vison,
J’explique comme je peux.
Ca a duré l’espace d’une ou deux seconde pas plus.
Et ça s’est reproduit un peu plus tard.
Avec quelqu’un d’autre.
Alors je vais vous dire, pourquoi j’écris tout -ça.
Je crois que nous négligeons nos coeur.
Que nous les connaissons mal.
Que nous sous-estimons leur pouvoir.
Que nous le réduisons.
Alors que si on le connaissions mieux, on pourrait

Eviter la guerre, qui sait

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