Dans ma tête cabossée, ça continue de tourner.
Aujourd’hui, j’ai pris conscience que je dois dire quelque chose d’important
à propos du centre ville en général et du marché en particulier.
C’est l’endroit le plus sure de la ville.
La police y est bien présente, on les voit, en civil ou pas faire leur ronde.
Les passants font leurs achats, tranquilement.
les rares mendiants qui essaient de se faufiler entre les gouttes, sont vite repérés, contrairement à d’autres villes ou on ne peut pas y échapper.
Si j’ai tellement de plaisir à faire le marché, c’est surtout pour ça :
c’est l’endroit où les gens se rencontrent, papotent, échangent.
En particulier sur le stand de Pierre, parce que les gens qui aiment les livres en savent beaucoup , et sont passionnants.
Sur mon stand à moi, et particulièrement ce dernier samedi, c’est l’endroit des confidences, de l’échange de forces, de gestes de bonté.
Nos voisines africaines maintiennent cette multiculturalité qui est le signe de notre ville.
Rolaud vends des baumes concentré de plantes, et des objets cadeaux à tout petits prix.
Etc…
Quel que soit le temps, la pluie, le froid, nous sommes là.
Epuisés en fin de journée par une dizaine d’heure de station debout.
Mais on ne voit pas le temps passer.
Je fais le marché depuis presque un an.
Jamais je n’y ai vu de violence , d’aucune sorte.
Ce qui c’est produit samedi, ne pouvait être anticipé.
C’est un acte isolé, et c’est tombé sur moi.
Un acte lâche, venu par l’arrière, commis par une personne
qui m’a choisie, justement parce que je ne pouvais pas me défendre.
Il n’y a aucune raison qui peut justifier ça.
Mais heureusement c’est quelque chose de rare,
Qui ne se reproduira pas, parce que nous avons pris les mesures nécessaires.
Je me sens en sécurité , dans ma ville.
Même aujourd’hui.
Je ne dis pas qu’il ne se passe jamais rien, mais je tiens à relativiser.
Après le marché, je suis allée chercher ma petite fille chez ma mère,
parce que je la garde le week-end.
J’y suis allée à pieds.
J’ai traversé toute la ville, de part en part.
Du bord du lac ou j’habite, jusqu’à la Gurzelen.
Et nous sommes rentrées toutes les deux, dans la nuit, en sens inverse.
J’ai même traversé le parc de la Ville , qui est plutôt sombre à cette heure.
Pas un instant je n’ai eu peur pour ma sécurité.
Et samedi prochain, je serai de nouveau au marché,
avec les nouvelles créations que je vais faire pendant la semaine.
Parce que c’est ça, la meilleure réponse à ce geste fou :
continuer ma vie, comme elle était, sur le marché.
Et j’espère bien vous y voir aussi.