C’est le mois de janvier.
Foutu mois de janvier pour beaucoup.
Je pense particulièrement aux gens qui reçoivent l’aide sociale.
Le peu qu’ils reçoivent pour vivre est déjà dépensé.
La faute au décalage : au mois de décembre, ils reçoivent leur allocation plus tôt, et il y a les fêtes.
Du coup, ils sont déjà nombreux à n’avoir plus rien dès le début du mois.
Pas 1 fr pour manger.
Certains sont déjà âgés, et par leur parcours de vie chaotique, n’ont plus de lien avec leur famille.
J’aimerais rappeler à ceux qui pensent encore que les oeuvres sociales suffisent largement pour vivre que ce n’est pas vrai.
Ce n’est pas moi qui le dit; une étude de l’Etat, il y a quelques années mettait déjà l’accent sur ce fait.
J’en ai fait l’expérience.
On a tout juste de quoi survivre.
Coupé du monde qui avance sans nous, par faute de pouvoir se payer un ordinateur, des vacances , une voiture…
Vivre dans la marge, de l’autre côté d’une barrière qui devient de plus en plus visible.
J’ai eu de la chance, j’ai reçu de l’aide et j’ai pu m’en sortir.
Ca n’a pas été facile, mais sortir de ce système est la meilleure chose que j’ai pu faire pour avancer.
C’est ce qui me permet d’en parler avec une vision plus large.
Personne n’a envie d’être celui qui est assisté.
Mais quelque chose cloche.
Quand un pays semble si désireux d’aider de nouveaux arrivants et n’est pas capable d’assurer la subsistance de ses propres citoyens.
Attention, je ne dis que pas que nous devons repousser les étrangers, j’en suis à moitié une moi-même.
Certainement, mon père s’en est mieux tiré en venant travailler ici dans l’horlogerie, que si il était resté en France.
Et pour travailler, il a travaillé.
Même le dimanche, dans le petit coin qu’il c’était aménagé pour ça, je le voyais, migros à l’oeil,
cherchant comment réparer la panne d’une montre compliquée.
C’était sa passion et c’était un excellent horloger.
Chef d’atelier au moment ou l’Oméga fournissait les montres des astronautes.
J’en suis tellement fière.
Encore plus quand j’ai appris que ces montres avaient sauvé la vie les astronautes d’Appolo 11 et 13,
en remplaçant les chronomètres de la NASA défectueux.
J’aurais aimé le savoir plus tôt.
J’aurais aimé que mon père soit toujours là pour en parler avec lui.
Lui demander pourquoi nous ne sommes pas partis en Amérique puisqu’on en avait l’occasion.
Et rêver de ma vie là-bas…
Je crois qu’en vérité, sa vie c’était celle d’un artisan.
Qu’il n’aurait jamais pu faire travailler les autres et abandonner son établi sacré.avec ses outils toujours parfaitement entretenu et rangés.
Au point que j’en étais jalouse.
Quand à ma vie, pour rien au monde je n’échangerais mon enfance et mes précieux souvenirs du Prévoux,
le minuscule village de ma mère et de ma famille du haut du canton de Neuchâtel.
L’argent ne fait pas le bonheur.. mais il y contribue.
Le mois de janvier, c’est celui ou je fais le point sur ma vie.
Pour l’instant, ça va plutôt bien.
Beaucoup mieux que les années précédentes.
Forcément quand je vois autour de moi tant de gens qui ne s’en sortent pas, ça me ramène à l’époque où c’était mon cas.
J’aimerais encore en profiter pour remercier celles et ceux qui m’ont aidé a tenir le coup.
Si vous êtes là. à me lire, vous avez qui vous êtes.
Ce ne sont pas forcément les plus riches, mais ils ont ce coeur si grand, qu’il y a aussi de la place pour moi.
Alors voilà ce que je veux vous dire :
si vous n’avez pas le moral, parce que la vie est dure, parce que vous avez perdu quelqu’un, parce que la maladie frappe
ou quoi que ce soit d’autre.
Et même , si vous n’avez aucune raison.
Ca arrive.
C’est presque pire parce qu’on ne vous comprends pas.
Comment ? tu as tout et tu n’est pas contente ?
Ca arrive.
La dépression aussi est une maladie.
Donc voilà deux trois petits trucs pour aller mieux.
Aider s’est s’aider soi-même.
Alors, prenez quelqu’un, c’est facile, et donnez lui ce dont il a besoin.
A condition que ce soit de bon coeur, sans attendre rien en retour.
Même pas de la gratitude.
Donnez et partez.
Bon, il ne faut pas exagérer non plus.
Les profiteurs ça existe.
Ceux là… j’ai beaucoup de peine à leur pardonner.
Même quand je sais ce qu’ils traversent.
Donc, stop.
Mais ces gens là ne doivent pas nous empêcher de voir les autres, ceux qui n’ont pas l’habitude de recevoir.
Ca n’a pas besoin d’être beaucoup, si vous n’avez pas beaucoup.
Par contre, si vous en avez les moyens, ne soyez pas radin.
Donnez un bon coup, histoire d’aider vraiment.
Autour de vous il y a des gens qui survivent.
Aidez les à vivre, histoire qu’ils y goûtent et ne puissent plus s’en passer.
Vous savez , les gens qui vont mal depuis des années ont perdu le goût du bonheur.
Ils ne savent plus à quoi ça ressemble.
Entrouvrez un peu la porte, si vous pouvez.
Ca peut commencer par un sourire, mais jamais par de la pitié.
Rappelez vous : la roue tourne.
Même si ça vous semble impossible, se retrouver dans le dénuement absolu peut arriver à tout le monde.
Donc voilà, faites un geste.
Même si vous êtes très pauvre et que l’autre est très riche,
même les gens aisés ont besoin de chaleur humaines…
Bref, dans ces moments durs pour beaucoup, il est plus que jamais temps de montrer notre humanité.
Ca commence par soi
Faites vous plaisir.
Aimez vous !
Faite quelque chose dont vous pouvez être fiers et laissez cette fierté envahir vos coeur.
Faites quelque chose pour vous.
On va le passer ce foutu mois de janvier.
Regarder devant.
Redonner un peu d’eau aux plantes qui en ont besoin.
ca aussi ça semble pas grand chose, mais ce sont ces pas grands chose qui font notre humanité.
On le sait bien.
Parfois on oublie seulement que c’est ça notre vraie richesse.
Que prendre soin de nos coeurs est essentiel.
quand à ceux qui comme moi sont senssibles au point d’être blessé par le moindre bonjour dit un peu moins joyeusement que d’habitude… essayons d’être tolérant.
Tolérant avec nous même , pour commencer.