Il est presque 21h.
Halloween.
Froid.
Avec ma petite-fille ,
nous rentrons de la chasse aux bonbons.
Bredouille.
Arrivée devant la première citrouille, elle à eu peur.
Déguisée en mignonne petite chauve-souris, et moi en fiancée de Frankenstein.
Pour remplir quand même un peu son chaudron en plastique,
je propose d’aller acheter quelques bonbons à la gare toute proche.
En trottinette pour aller plus vite.
Au sortir de la gare, il y a deux policiers en civil.
Bienne, petite ville, tout le monde connaît tout le monde.
Comme je suis bien élevée, je dis « bonsoir » en passant.
Je suis obligée de m’arrêter, parce qu’ils me bouchent le passage.
Le plus grand me dévisage, plutôt froidement.
Je vois bien qu’il n’est pas d’humeur.
Pas un regard sur ma petite fille, ni une parole aimable.
Son collègue ne dit rien.
J’ai presque l’impression d’être coupable de quelque chose.
Mais bon, comme je disais plus haut, je suis bien élevée.
Je dis « bonne soirée » et m’en vais.
Et là,
dans le silence du passage de la gare,
j’entends cette phrase :
« Vous avez vos règles ? »
Instantanément je me sens salie.
Je réponds, je dois répondre, que je n’apprécie pas.
Mais il s’en fiche, visiblement, il part en me tournant le dos.
Je sens la rage qui monte.
L’impuissance,
l’injustice.
Mais je suis avec ma petite-fille.
Je dois me calmer, pour elle.
Les règles, c’est tellement intime.
Tellement privé.
Ca concerne mon intérieur.
Mais lui, il lance ça, au milieu de la gare.
Respect : zéro.
Ce n’est même pas drôle.
Je ne crois pas qu’il aie seulement essayé de l’être.
C’est blessant.
Volontairement dégradant.
Si on va plus loin , je suis déguisée,
il y a du faux sang sur ma robe.
En particulier autour du cou.
Et des éclaboussures un peu partout.
Malgré ça, ça ne justifie pas un seul instant ses paroles.
Au contraire, ça les rends plus répugnantes.
Les règles ne sont pas sales.
Me lancer cette phrase sous-entends que je le suis,
négligée au point de m’en être mis partout.
Pendant quelques secondes je me sens tellement mal
que je ne vois plus rien autour de moi.
Je me reprends vite.
Je n’ai pas le choix.
Après coup, je pense que si il n’avait pas été de la police…
j’aurais pu… répondre quelque chose de plus insultant…
Mais non, j’étais avec ma petite-fille.
Heureusement qu’elle n’a pas compris.
Je n’ose pas imaginer comment je me sentirais si elle avais compris.
Compris que dans ce monde, en 2017, en Suisse, un fonctionnaire de
police se donne ce droit .
Et que je ne puisse rien faire.
Que je me laisse humilier.
La honte m’envahit.
Comme une tache d’huile.
Elle se répand et grossi,
nourrie par toutes les autres fois
ou un homme m’a humiliée et que je n’ai rien pu faire.
J’ai 50 ans.
Un paquet de fois
Un instant, je ne suis plus qu’une grosse flaque de honte.
Je me sens sale. Salie.
Arrivée chez moi, je fais ce que je peux pour nettoyer
toute cette saleté.
Je m’exprime.
Avec cette photo , qui me montre salie, mais la tête levée
vers la lumière.
J’écris aussi.
Parce qu’il n’y a personne , chez moi à qui en parler directement, ce soir.
S’exprimer,
Surtout ne pas minimiser,
C’est important, c’est grave.
C’est de l’ordre du tort moral.
Personne n’a le droit de blesser quelqu’un d’autre gratuitement.
Surtout, quand il est payé pour protéger les citoyens.
Mais vous savez quoi, il y a un truc que j’ai remarqué.
Quand on est grand et fort, et qu’on a tendance à faire de l’humour qui vole bas, peu de gens vous contredisent.
Du coup, vous perdrez la mesure de ce qui est bien ou mal.
C’est la seule excuse que je lui trouve.
Je doute qu’il se préoccupe de mes sentiments.
Si c’était le cas, qu’il regrette de m’avoir blessée,
alors, je ne li en voudrais pas plus que ça.
Mais là, c’est de moi dont je me préoccupe,
il est temps.
Le monde entier en parle enfin :
Nous sommes arrivées à saturation.
Enfin.
2017 sera l’année du raz-le-bol général
du manque de respect particulier
envers les femmes.
On connaît toutes ça.
Ces regards qui nous glissent dessus comme une dégoûtante limace .
Ces réflexions qui nous salissent.
Ce pseudo-pouvoir minable du type plus grand, plus fort, plus nombreux,
qui sait parfaitement qu’il pet dire ce qu’il veut.
On aura rarement la capacité de lui casser la gueule.
Par contre, c’est pas l’envie qui manque.
Et ce soir, …
ce soir, et tant d’autres, si j’avais pu….
avec quel délectation je l’aurais empoigné pour
lui faire comprendre son erreur, sa faute, sa bêtise crasse de
mâle stupide et inconscient.
Je dis inconscient, mais dans le fonds, je n’en suis même pas sûre…
Il avait l’air de mauvais poil .
Se défouler au passage sur moi, en l’occurrence,
aurait dû être évité.
Quand on est dans la police, on est sensé protéger les gens.
Pas les rabaisser gratuitement.
Pas devant ma petite-fille non plus.
J’ai eu honte.
Honte pour lui d’être aussi bête.
Honte pour moi, de ne pas pouvoir me défendre.
Je lui ai dit.. quand même, que je n’appréciais pas.
Que si il voulait faire de l’humour, il aurait pu trouver mieux.
Mais non, satisfait de lui-même , il est parti en me tournant le dos.
Pas d’excuse, pas de regret.
Quand on a le pouvoir… on a pas besoin d’un cerveau ?
Voilà, c’était l’introduction, ça m’a défoulé,
ça m’a fait du bien.
Je me sentais déjà mieux, parce que j’ai pu en parler,
il FAUT TOUJOURS en parler.
Ne pas rester seule avec son humiliation.
J’ai pu le faire grâce à Mo.
Grâce à cet article du Matin qu’elle à posté sur Facebook.
Un truc révoltant.
J’e ai lu quelques lignes, je n’ai pas voulu me salir les yeux davantage,
tant c’était choquant.
En gros, l’auteure prétendait qu’il suffit de dire non, pour stopper
la bête… le bête… le crétin congénital, l’imbécile absolu, le gros cochon
dégueulasse qui manifeste verbalement l’étendue de son irrespect.
Bien sûr, en vraie femme qu’elle est, Mo ne cautionne pas.
Ses ami,es non plus.
Dans un premier temps, j’étais aussi choquée que tout le monde.
Donc, j’ai mis mon petit commentaire.
Une dame m’a répondu.
Dans un deuxième, je me sentais encore si sale que
c’est sorti tout seul.
En quelques mots j’ai partagé ce qui venait de m’arriver.
Je sais que ce n’est pas normal.
Que ce n’est doublement pas normal.
Le partager, en parler, avoir la réaction des gens
fait du bien.
Je prends conscience que ce que je viens de vivre ne devrait pas se produire,
et surtout : qu’il ne faut pas laisser passer ça.
Porter plainte…. contre un flic ?
A Bienne ?
Moi ?
Ahahahahahahahahahahahah.
Rire jaune.
Mes chances d’être entendue avoisinent le zéro.
Je n’ose même pas penser aux conséquences, aux représailles.
Par contre,avant d’aller plus loin, je précise que c’est le seul à m’avoir manqué de respect.
Son collègue n’a rien dit.
Pas certain même, étant suisse-allemand, qu’il aille compris la phrase.
Enfin, c’est quand même un de trop.
Alors, je ne porterai pas plainte.
Je préférerais deux choses :
des excuses et que ça ne se reproduise plus.
Vous avez entendu parler du #balancetonporc,
du débat sur le mot « porc », qu’il faudrait remplacer par « harceleur »
par exemple…
Moi je crois que c’est une bonne idée, que les femmes aient un endroit pour s’exprimer sur le sujet, et surtout, qu’on en parle.
Après, « porc » c’est une expression, le cochon lui-même est une brave bête qui n’a rien demandé,,, on ne peut pas utiliser le mot « homme » parce qu’il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier,
Exception faite, les hommes que je connais sont respectueux et bien élevés.
Donc ces types qui se permettent de traiter les femmes comme de la viande, ne valent pas mieux…mais en aucun cas ce ne sont des hommes, au sens noble du terme.
D’ailleurs ce comportement dégradant n’est pas que masculin,
Voilà, c’est bon, j’ai dit tout ce que j’avais à dire sur le sujet.
Maintenant que j’ai lavé mon intérieur, me reste l’extérieur.
Histoire de ne pas faire peur aux enfants, demain matin. ,
2 réponses sur “Bien à Bienne (quand même)”
Si on rencontre un con, il est bon de savoir que l’on n’est pas RESPONSABLE de sa connerie………
merci Roger.