Tribulations d’une hyper-sensible

Je vais vous parler de mon expérience d’hyper-sensible.
parce qu’il faut parler.
La parole libère et soulage.

Je ne dis surtout pas que tout les hypers-sensibles sont pareils.

Je partage mon expérience, parce qu’on peut se sentir très seul,e quand on vit cette situation.
Ca rassure un peu de savoir que d’autres vivent quelque chose de semblable, et aussi
parce que j’ai découvert au fil du temps, que ce n’est pas forcément une fatalité.
Quand aux gens qui , j’allais dire « ont la chance », les gens qui ont une sensibilité « normale », peut-être que ça peut les aider à mieux comprendre un proche qui serait comme moi.

Quand on ressent toutes les émotions en décuplé,
on en arrive à se protéger.
Pour ne pas souffrir.
Moins sortir.
Eviter de rencontrer des nouvelles personnes.
Cacher sa vulnérabilité.

Tout ça rends terriblement insécure.

Ca commence tôt.
Dès l’enfance.
Ca se complique à l’adolescence et ça peut totalement pourrir une vie d’adulte.

Je me suis vite rendu compte que j’étais différente.

Il m’a fallu développer des stratégies .
Changer de trottoir,prendre un livre, prétexter…
C’est fou comme j’ai pu prétexter.
Maux de têtes, maux de ventre.
Je me rendais malade pour de bon.

Quand j’y repense , c’est très dommage.
J’ai du passer à côté de belles rencontres, de beaux instants.
Sans compter les malentendus que cela provoquait.

Je n’avais pas seulement peur de ce qui allait se passer,
si j’étais invitée quelque part par exemple.
J’avais aussi peur de tout ce que je pouvais imaginer en supplément.
Je perdais un temps fou à tenter de prévoir tout ce qui pouvait se passer.
Ce que je pouvais dire et faire.
Pour que les autres ne se rendent pas compte de ma nullité…
Pour m’éviter ce calvaire d’être mal à l’aise.
Avant, pendant et après.

C’est triste à dire, mais ce sentiment perpétuel d’insécurité va de pair avec l’estime de soi.
L’estime de moi.
J’avais le sentiment de n’être pas assez cultivée, par exemple.
Alors, forcément, je ne saurais pas participer à la conversation.
Surtout si j’ignorais tout du sujet.
Quand les autres s’en rendraient compte, alors, c’est sûr, le ciel allait me tomber sur la tête.
Je serais trainée dehors et bannie pour toujours.
Ou un truc du genre.

Heureusement, aujourd’hui, ça va beaucoup mieux.
La plupart du temps.

Les émotions ont des conséquences sur tout le monde.
En positif ou négatif.
C’est l’intensité de ces conséquences qui .distingue la personne normale de l’hyper-sensible.

La légère fatigue de l’un sera l’épuisement total de l’autre.
Le léger désagrément ? Un traumatisme .

Une personne « normale » ne se rends pas forcément compte comme les émotions les plus basiques peuvent être impactantes pour quelqu’un d’hyper-sensible.

Quand je parle d’émotions basiques, il s’agit de celles auxquelles la plupart des gens ne prêtent pas grande attention.

A ce point là, j’aimerais préciser que , pour l’hyper-sensible, les émotions identifiées comme positives sont tout autant dérangeantes que les négatives.
Parce qu’elles fatiguent et perturbent tout autant, et parfois même plus.

Donc, on ressent tout.
Comme de véritables éponges à sentiment.

Chaque action est imprégnée de ce ressenti :
La moindre rencontre, tout ce qu’on voit, qu’on entends,
Et même ce qu’on imagine.

Tout ces petits détails qui font ma journée.
Allumer son téléphone, consulter ses messages, ses interactions sur les réseaux sociaux.
Me regarder dans le miroir, décider de ma tenue du jour ,
planifier ma journée.
Une journée normale.

Tout ces petits détails qui ont des conséquences sur mon état psychique et physique.

Franchement, ce qui m’a beaucoup aidée, c’est de me rendre compte que je n’étais pas seule.
Que cet état portait un nom.

Qu’il pouvait avoir des avantages-

Des avantages ?

Biwn sûr ! Heureusement !
C’est la Nature qui m’a faite ainsi et la nature ne se trompe pas.
Elle est juste.
Cruelle parfois, mais juste, égale.

J’ai du travailler sur moi.
Beaucoup.
Et c’est certainement pas fini !!