La vie comme on veut qu’elle soit … et comme elle est. Reflexions autistiques

La vie ne va pas toujours comme on veut, on sait tous ça.
Pour les autistes, par exemple, c’est le principal motif de frustration.
Ils ont énormément de peine, voir carrément pas la capacité de le comprendre.

L’autisme est à la mode…
Ca semble un peu fou, pour les parents , comme moi, de constater ce phénomène.
Il y a à peine 30 ans, on savait à peine que ça existait,
et voilà que, tout à coup, tout le monde est plus ou moins autiste.

Pour les parents, donc, qui ont fait le dur chemin avec leurs enfants différents,
il y a comme une forme d’injustice.
Je ne suis toujours pas reconnue officiellement par l’A.I. comme proche aidante,
pourtant cette même A.I. à déclaré mon fils incapable de travailler à 100%.
Alors quoi…
On me demande souvent pourquoi je ne réclame pas l’aide sociale.
Je vais vous dire.
Je l’avais fait, mais les conditions étaient devenues de plus en plus dégradantes.
Jusqu’à ce qu’on me dise carrément d’aller travailler, de laisser mon enfant qu’on allait placer dans un centre…
Sans tenir compte du fait que de nombreuses tentatives infructueuses ont été réalisées dans ce sens auparavant.
.
Vous voyez la contradiction ?
Ca ne sera pas possible, mais il faudra le faire quand même ?

Pour certaines forme d’autisme, l’aide d’un centre spécialisé est certainement bénéfique.
Mais pas pour toutes.
Quelqu’un qui rejette la société dans son ensemble, pour qui chaque mot , chaque attitude est une source de souffrance potentielle
ne peut se sentir relativement bien ailleurs que dans le cadre qu’il a choisi.
Ou alors, il faudra le bourrer de médicaments.
Ce que lui et moi avons toujours rejeté.
Nous avons eu la grande chance de trouver un thérapeute exceptionnel.
Une personne humaine et compétente. qui année après année, à son rythme,
permet à mon enfant de progresser.
On ne peut pas retourner en arrière, si on le pouvait, est-ce que j’arriverais à me battre davantage pour empêcher l’état de « bien faire » avec ses tentatives de placement ?
Elles ont conduit mon fils au bord du suicide.
quant à moi, je me demande encore comment j’ai tenu le coup.

quand je vois, aujourd’hui, qu’il est enfin capable de faire de petites sorties.
Qu’il n’a lus besoin de se protéger derrière une casquette, une grosses veste et des lunettes de soleil.
c’est une immense victoire.

Si il avait eu la chance depuis tout petit d’être vite diagnostiqué, si on n’avait pas perdu toutes ces années à me reprocher d’être responsable de son état..
Eh oui, il y a eu ça aussi… tant d’années perdues.
Tant de chemin à parcourir dans l’autre sens.
Tant d’incompétence.
De « bonnes intentions ».

Je suis toujours là aujourd’hui et je vais mieux que jamais.
Peut-être que tout ce chemin m’a fortifiée, au final.
J’ai un peu de la peine à être reconnaissante envers ceux dont les décisions nous ont causé tant de souffrances.
Mais je ne les déteste plus aussi fort.
Parallèlement, mes propres choix de vie, qui sont certainement incompréhensibles pour la plupart des gens, se renforcent aussi.
J’assume pleinement mes différences qui ne sont pas toutes conséquentes des erreurs commises par d’autres.
J’aime mon époque, et si je peux, par l’écriture la parole et l’exemple, faire évoluer un tant soit peu les mentalités, alors, je me battrai pour ça.

Parallèlement à mes activités bijoutières, je vais donner cette année, plus de place à l’écriture et la photo.
J’ai un beau projet dans un sens.
Beau mais délicat.
Je n’en parle pas encore, mais j’y travaille déjà.
Je crois que nous avons tous une sorte de mission.
La mienne, c’est de décorer la vie.
De montrer que quoi qu’il se passe, elle peut être belle.
Voilà.
Bon dimanche à tous