Cette journée a débuté avec le souvenir incroyable des aurores boréales visibles dans le ciel de notre région.
J’avoue, je ne les ai vu qu’en photo.
D’ailleurs je n’étais même pas au courant.
Mais c’est pas grave,
J’ai passé une très belle journée quand même¨.
Maintenant, je vais devoir me concentrer pour parler de Nemo.
Nemo a gagné l’Eurovision 2024 pour la Suisse.
Nemo vient de Bienne, ma ville chérie.
Et Nemo se défini comme non binaire
Sujet délicat.
Il n’y a qu’à lire les réactions sous le post Facebook de notre journaliste préféré qui s’est fait enguirlander par une représentante de l’artiste en question pour avoir parlé de Nemo au masculin.
Et c’est là que ça devient encore plus délicat, et que je vais devoir faire preuve de créativité.
D’abord, utiliser le pronom « iel » et ,pour ne pas avoir à accorder des adjectifs, utiliser ceux qui sont neutres.
Pourquoi c’est important de respecter son identité ?
Justement pour ça.
Parce que c’est son identité.
Nemo n’a sûrement pas décidé de se sentir autrement que défini par le masculin ou le féminin.
Il s’agit de son ressenti intime. De son identité profonde.
Et ça mérite d’être respecté.
A partir du moment ou on parle de Nemo, alors, c’est vrai que nous n’avons pas l’habitude, la reconnaissance de la non-binarité est toute récente dans notre culture.
Elle est importante, je crois en tant que réaction à la polarisation des genres.
La quoi ?
Là , je sens qu’il y en a qui vont lâcher, et pourtant, c’est un sujet très important pour notre évolution.
La polarisation, en gros c’est quand on impose des codes strictes pour définir les hommes et les femmes.
Ca va de la coupe de cheveux aux vêtements, en passant par les attitudes.
Les filles en rose, les garçons en bleu.
Les poupées pour les filles et les voiture pour les garçons.
Etc…
Vous voyez ou je veux en venir.
Aujourd’hui encore, un petit garçon qui voudrait apprendre la danse plutôt que le foot sera catalogué.
On évolue, heureusement, mais je me souviens encore de l’époque ou un homme ne poussait pas la poussette…
Il suffit d’observer un peu pour se rendre compte de ces obligations tacites qui donnent les rôles de chacuns.. et de chacunes !
C’est comme ça qu’on en arrive à nous « accorder » ( oh, merci !) le droit de vote… à nous les femmes…
Ben dis donc ! quelle chance alors ! … C’était quand ? En 1970 je crois…
Encore une fois, essayer d’imaginer l’inverse.
Ce n’est pas la question?
Si si, c’est exactement la question.
La non-binarité, c’est le refus des codes.
Revenons à notre Nemo.
Non genré, je comprends particulièrement bien cet état.
C’est ce que je ressentais dans mon adolescence et encore aujourd’hui.
Bien sur, biologiquement, j’ai tout d’une femme, mais alors, pourquoi c’est au héros mâle que je m’identifie, dans les films ou les livres ?
C’est un détail… il y en a d’autres, mais je ne suis pas le sujet.
Le sujet c’est Nemo et le message important qu’il fait passer, avec conviction parce qu’il est sincère dans sa démarche.
Je me suis donc renseignée plus profondément pour pouvoir parler d’iel avec respect.
Voyons la définition de la non-binarité ( d’après Wikipédia ).
Les personnes non-binaires peuvent ne se sentir ni homme ni femme, les deux, ou toute autre combinaison des deux. Le terme « non-binaire » désigne donc toutes les possibilités en dehors d’une identité strictement féminine ou masculine.
C’est assez clair il me semble.
Nous sommes certainement beaucoup à se sentir parfois plus l’un ou plus l’autre.
Mais nous sommes conditionnés, depuis si longtemps à adopter des attitudes que nous n’y faisons pas attention.
Pourtant c’est important.
Se définir femme, c’est baisser le regard quand on croise un homme.
Si, si faites attention. C’est comme ça.
Eux, ils regardent, c’est normal…
L’homme développe sa musculature.. c’est beauuuu.
La femme fait pareil.. c’est moche.
Etc.. etc…
Il y a tellement d’exemple de polarisation que je vais arrêter là.
Je trouve qu’il faut un certain courage pour refuser ça.
Pour comprendre la suite, il faut écouter les paroles de sa chansons.
Les voilà :
Tout est dedans , la souffrance , mais surtout la joie.
Le code
Bienvenue à ce spectacle, que tout le monde soit au courant
Je ne joue pas le jeu, je me défais de mes chaînes
Tu ferais mieux de boucler ta ceinture, je vais remplir ton verre
C’est ma bohème, alors finis ton verre, mon ami
Cette histoire est ma vérité
J’, J’ai traversé un enfer
Pour me retrouver sur le bon chemin
J’ai brisé le code, woah
Comme les yeux divins
J’ai laissé un peu de temps
Maintenant je ressens le paradis
J’ai brisé le code, woah
Ouais
Laisse-moi te raconter une histoire sur la vie, sur le bien et le mal, tu ferais mieux de t’accrocher
Ce qui est juste, ce qui ne l’est pas, ce qui est juste
Tout est équilibre, tout est lumière
J’ai tant de choses à l’esprit
Et je resterai éveillé toute la nuit
Je suis si excité, je suis si exalté
C’est plus fort que moi, je suis en extase
Laisse-moi goûter aux hauts et aux bas
Laisse-moi ressentir cet effroi brûlant
Cette histoire est ma vérité
J’, J’ai traversé un enfer
Pour me retrouver sur le bon chemin
J’ai brisé le code, woah
Comme les yeux divins
J’ai laissé un peu de temps
Maintenant je ressens le paradis
J’ai brisé le code, woah
Quelque part entre les zéros et les uns
Je jure avoir trouvé mon nirvana
Mon cœur bat comme un…
Quelque part entre les zéros et les uns
Je jure avoir trouvé mon nirvana
Mon cœur bat comme un tambour
J’, J’ai traversé un enfer
Pour me retrouver sur le bon chemin
J’ai brisé le code, woah
Comme les yeux divins
J’ai laissé un peu de temps
Maintenant je ressens le paradis
J’ai brisé le code, woah
https://lyricstranslate.com/fr/nemo-switzerland-code-french
Nemo a un prénom prédestiné.
C’est le héros de Matrix.
Les soeurs Vachowski qui ont créé cet univers ont révélé les indices pour le déchiffrer.
Pour beaucoup c’est resté obscur.
Pour d’autres comme Nemo, c’est très clair.
Quand à moi, j’ai eu besoin d’explications.
J’ai eu de la chance.
Enfant, je pouvais m^’habiller comme je voulais, grimper aux arbres.
Aujourd’hui ça n’a pas changé.
Sauf que je grimpe plus rarement dans les sapins.
Je rigole, mais le petit garçon qui aime les robes et se maquiller… ça sera dur pour lui.
Est-ce que c’est plus facile d0être un homme ou une femme?
Qu’est-ce que ça signifie vraiment ?
Je crois qu’être non-binaire, ça ne signifie pas qu’on renie son genre de base, ni qu’on aimerait le changer.
Ce qu’on rejette, ce sont les codes.
Aujourd’hui, donner le pronom iel, chercher des adjectifs neutres, semble encore anecdotique.
Mais il va falloir s’y mettre.
Refuser les codes fait partie de notre évolution.
Nemo l’a bien compris.
Et si l’Eurovison l’a choisi, c’est que son message est passé.
Et que certains étaient prêts à l’écouter.
Ca ne m’étonne pas tant que ça que Nemo soit de Bienne.
Nous sommes habitués à envisager les choses de plusieurs façons, par les langues que nous parlons, par la diversité des habitants.
Iel vit à Berlin qui dans son histoire à connu une libération des moeurs inégalée en Europe.
Pour toutes les petites filles et les petits garçons
qui se sentent différents, Nemo est exemplaire dans son attitude résiliente et positive.
De l’homme et de la femme, iel prends ce qui lui corresponds pour forger son identité.
Je lui adresse toutes mes félicitations et mon admiration.
NEMO part 2 la prestation :
Nemo c’est l’exemple même de l’artiste multi-talents.
Du costume de poussin sortant du nid, jusqu’à l’interprétation aussi parfaite que son chant :
tout avait du sens,
De la sincérité.
De l’authenticité. Personne ne s’y est trompé. que ce soit les jurés internationaux ou le public,
nous avons tous vécu grâce à Nemo un moment impressionnant qui restera dans nos mémoires.
Qu’iel soit suisse et de Bienne en plus ne fait que rajouter à ma joie.
J’aurais le même ressenti, quelle que soit sa nationalité.
Un message aussi important se devait d’être en anglais, pour la puissance et le côté. pratique de cette langue.
I breack the Code, ça sonne mieux que j’ai brisé le code, non ?
Est-ce que je prendrai un moment pour déplorer qu’il y aie encore trop de personnes mal renseignées?
Qui confondent sexe et genre ?
Qui se moquent et critiquent à coup de phrases lapidaires parfois méchantes et souvent à côté de la plaque ?
On n’est pas obligé d’aimer Nemo, mais avant de critiquer son message, j’invite ces gens à se renseigner sur la polarisation.
Sur la signification de ce, de ces codes qu’il faut briser encore et encore sous peine d’avoir toujours en 2024 des pays où l’homosexualité est punie de mort.
C’est tout-de -même curieux de constater comme ceux qui critiquent le plus ne se sentent pas concerné mais imposent tout-de-même leur façon de voir les choses .
En réalité nous sommes tous victimes d’une façon ou d’une autre de ces codes ancestraux qui n’ont plus de sens aujourd’hui.
Qui ont blessé et blessent encore.
Brisons les codes, le message n’est pas nouveaux, mais, hier soir, il était spécialement bien dit.
Merci NEMO.