Sentiments

Quoi qu’il se passe dans notre vie, il y a derrière et parfois même devant, des sentiments.

Les sentiments, c’est délicat.

Dans certaines civilisations, c’est extrêmement mal vu de les étaler.

Il faut se retenir, cacher ce que l’on ressent.

Dans d’autres, on explose ouvertement, sans honte, parce que c’est ainsi.

On a le sang chaud, le coeur romantique, on en fait des chansons, des livres et des films.

Avec l’Amour.. toujours l’Amour, mais aussi toutes la gamme des autres sentiments.

J’ai toujours eu de la peine à exprimer les miens.

Avec en prime une sensation de honte, comme si mes sentiments n’étaient pas légitimes, ou avaient quelque chose de gênants,

 

Avoir un enfant autiste, c’est apprendre à vivre sans ces filtres.

Sans aucun filtre.

Par conséquent pour moi  ; apprendre à accepter mes sentiments , les restituer comme ils sont, le plus justement possible.

A force, je m’y suis fait.

Je n’ai plus honte de mes sentiments, je les exprime  comme je peux.

Par contre, ce sont les miens.

Pas question que qui que ce soit me dise  quels sentiments  avoir, et comment les exprimer.

Je n’ai pas envie de les montrer à tout le monde non plus.

Mais ils sont là.

 

Ma famille est en deuil, ma mère n’est plus.

Quelqu’un m’a dit que nous avons chacun notre façon de vivre le deuil.

C’est très juste.

Ca dépends de nos origines, de notre ressenti.

Je me souviens que ma mère m’avait raconté que pour l’enterrement de sa propre mère, elle avait choisi des vêtements gais et colorés.

Des gros imprimés, comme c’était la mode en ce temps là.

Parce qu’elle était, quelque part, heureuse que sa mère ne souffre plus.

Elle m’a dit aussi que ça n’avait pas été très bien perçu.

Je n’y étais pas, pourtant j’adorais ma grand-mère.

C’était la décision de mes parents.

 

Maintenant, c’est mon tour de faire mes propres choix, par rapport à mes propres sentiments.

En tenant compte aussi de ceux de mes enfants.

Et de ma petite-fille.

Hier j’étais dans un état, et aujourd’hui dans un autre. très différent.

Je tiens à remercier ceux qui m’ont envoyé des petits mots de réconfort,

et de compréhension.

Pour vous dire, je suis un peu sonnée.

J’ai beaucoup de respect pour ceux qui accompagnent leurs parents malades et mourants , jusqu’à la fin.

Pour moi, ce serait plus facile avec un inconnu.

Ma mère et moi nous étions très  liées , depuis ma naissance.

Sûrement parce que mes parents m’avaient attendu longtemps.

Je suis arrivée 12 ans après mon frère.

Toute ma vie, ce qui nous touchait touchait l’autre aussi.

C’est la personne que j’ai le plus aimé au monde, avant d’avoir mes enfants.

 

Je ne me sens pas la force de faire son hommage aujourd’hui.

En réalité , je l’ai déjà fait, plusieurs fois, ici.

Ce que j’aimerais dire, en plus de ce que je viens d’écrire, c’est que nous devrions respecter la manière dont les autres vivent leur deuil.

Vivent leur vie.

Laisser les enfants décider si ils veulent participer ou non.

Lisser les gens se vêtir de la façon qui leur plait.

Aller à la cérémonie ou faire son deuil en privé.

En tout premier, nous devrions prendre en considération les souhaits des enfants, sans juger leurs décisions.

Dans ma famille, la tradition veut que nous allions manger « après l’église ».

Et là , nous nous relâchons un peu, pour profiter de ce repas en mémoire du défunt.

Parfois, nous piquons des fous rires incontrôlables à la messe.

C’est aussi l’occasion de revoir les membres de la famille qu’on aime bien.

Mon oncle et ma tante, mon « vieux cousin »..

 

Le deuil est un processus.

Avec des étapes.

Des étapes qui n’ont pas d’ordre défini, ni de durée.

Nous passons tous par les mêmes étapes, mais , forcément, pas en même temps.

Ce qui nous mets en décalage.

3 jours ont passé, et chaque jours je suis dans un état différent.

 

Au départ, je ne voulais pas en parler ici, mais au final, ça sort  quand même.

Je vais faire mon ménage, sortir un peu, profiter du soleil.

 

 

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