Yolande Favre

Il y a parmi nous des êtres exceptionnels.
En réalité, nous avons tous la faculté d’être exceptionnels.
J’en suis persuadée.
Mais pas tous en même temps.
Une petite parenthèse technique à propos de la photo :
aujourd’hui les téléphones sont équipés de système photo dernier cri.
Avec un nombre de pixels incroyable, une netteté sans pareil, et des filtre hyper-performants qui font de chaque prise une réussite.
Ce n’est pas le cas de mon appareil photo.
Par contre, il a d’autres qualités : en particulier celle de capter et restituer ce que je prends, sans y ajouter ces filtres de perfection.
Ensuite, je peux, à volonté, modifier tout ça avec des logiciels style photoshop.
Mais sur cette photo là, je ne l’ai pas fait.
C’est la lumière de Yolande que mon appareil restitue.
Hier soir, elle rayonnait littéralement.
Cette expo collective auquel elle participe , est pour elle une grande réussite.
Ses oeuvres sont colorées, psychédéliques, vivantes.
C’est aussi un grand travail technique de collage.
Les gens ne s’y trompent pas.
Elle à pratiquement tout vendu.
Je ne crois pas trop m’avancer en disant que ce ne sera pas le cas de tout le monde.
L’Art ne nourri pas toujours son homme, ou sa femme.
Je suis bien placée pour vous le dire.
Combien payer pour nos heures, nos jours de travail ?
Jamais le « vrai » prix.
Mais ce n’est pas de ça dont je veux parler.
Ce qui m’impressionne aujourd’hui, c’est Yolande.
La personne que j’ai appris à connaître, à travers sa fille Aurélia, qui pense, à tort, ne jamais « dépasser  » sa mère.
Pourquoi faire ?
Nous avons chacun nos talents, chacun la possibilité de devenir exceptionnel.
Pour Yolande, le prix à payer est celui de la maladie.
Ce n’est pas un secret, elle avance dans la vie accompagnée par une saleté de cancer qui lui vrille le corps.
Aujourd’hui, heureusement beaucoup de cancer sont soignables et la médecine progresse tout les jours.
Et parfois, malgré les traitements, c’est le cancer qui progresse et on n’y peut rien ou pas grand chose.
Depuis que je connais Yolande, je vois une femme qui donne tout ce qu’elle a dans les tripes sans se poser de questions.
t voià le miracle de l’Art quand il est reconnu à travers quelqu’un de bien.
J’essaie de trouver les mots, d’expliquer ce que je ressent, sans tomber dans les sentiments « eau-de-rosé ».
Ca me rends fière de la connaître.
Comme elle rayonnait hier soir.
Comme je suis heureuse d’avoir été là pour capter ça.
C’est ma mission.
Montrer au monde la beauté qui réside en chacun de nous.
Et dans ce cas, impossible de passer à côté dans la voir, tant elle est lumineuse.
Pourtant la salle n’était pas très éclairée.
Pourtant je n’ai pas utilisé de flash.

Mais voilà, nous aussi produisons de la lumière.

Ce que vous voyez sur cette photo, c’est une chose rare .
Parce que j’étais là au bon moment, j’ai pu la prendre.
Vous savez, dans un sens, je l’envie, Yolande ; voir ses efforts récompensés dans une exposition, ça aussi , c’est rare.
L’Art… et en ce moment encore ou les gens s’accrochent aux ficelles de leurs bourses…
Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de reconnaissance.
De vouloir prendre chez soi une part de cette femme, de cette artiste au parcours fort, long, authentique .
Semé d’embûches aussi.

Comme tout le monde, c’est vrai.

Mais est-ce que tout le monde continue comme elle le fait :
comme un Terminator blessé qui ne peut pas s’arrêter?
Qui refuse de s’endormir, quitte à souffrir davantage ?

Yolande est rayonnante.
Je suis heureuse d’avoir pu faire cette photo.
D’avoir été là, au bon moment.
De vous en faire profiter et de vous dire :
Regardez cette lumière.

C’est aussi la vôtre.