Médusée

Ces derniers temps.. on ne peut pas dire que je déborde d’énergie.
Quoi que.. j’ai quand même repeint mon canapé, mon tabouret africain, une commode, un autre tabouret et j’ai commencé une chaise.. ah oui, une table aussi…et la télé.
En turquoise.
Avec des touches de bronze et d’argenté.
Une poussée d’énergie qui m’a pris.. et qui est retombée aussitôt.
Je ne suis pas la seule.
Chez moi, le virus n’y est pour rien.
Soyons honnête.
Je n’ai besoin de porter le masque que lorsque je traverse la gare, et quand je fais des commis, ou que je rencontre quelqu’un.e.
Je me sésinfecte au passage et tout va bien.
Je garde mes distances, et mis à part serrer mes copines dans mes bras, je ne vois rien qui me manques.
Bien sûr, je compatis avec les malades, et bien sûr, avec les personnes à risques qui vivent , pour certain , un enfer permanent.
Entre parenthèse, avec mon souffle au coeur, je suis à risque aussi.
Par contre, en étant à mon compte, je n’ai pas besoin de faire attention avec mes collègues, puisque je n’en ai pas.
Tant que nous n’avons pas accepté l’inacceptable nous ne pouvons pas avancer.
J’ai entendu ça, dans une série télé 🙂 pas tout à fait ça, je l’ai adapté à ma sauce.
Ca fait un an, maintenant, plus ou moins que nous nous sommes réveillés dans un monde nouveau.
A cette époque, Prisca était encore là.. alors je continuais de sortir pour la promener.
J’ai eu la chance de ne pas être en quarantaine non plus.
Donc ça va.
Par contre, comme beaucoup de monde, tout ça m’a choqué.
Psychologiquement.
Il y avait cette incertitude, ce sentiment confus sur notre futur immédiat.
Est-ce que nous allions tous mourir ?
Ou des membres de nos familles?
Bien sur que nous allons tous y passer au final.
Mais pas si vite,
et pas comme ça.
Alors, comme lorsque la dépression nous prends,
quand il n’y a pas d’issue, non plus.
On se dit :  » à quoi bon ».
Et on arrive plus à rien faire.
En ce moment c’est très difficile.
Sans l’aide de mes amies je ne m’en tirerais pas.
Elles sont exceptionnelles et je les remercie.
L’argent part vite.quand il est là.
Trop vite
A chaque fois je couvre les besoins essentiels,
à chaque fois, il en reste que je dois mettre de côté.
Je me prive de tout ce qui n’est pas vital.
Je devrais travailler plus, mais il fait si froid que j’ai de la peine à quitter mon radiateur éléctrique.
Je vis au jour le jour, quand j’ai de la chance, je peux tenir un peu plus longtemps et abaisser mon niveau d’angoisse.
J’essaie de garder ma joie de vivre.
J’aime mon travail et j’ai de beaux projets.
Parfois, je doute, je me demande si tout ce que je fais est bien utile…
Et puis aujourd’hui, j’ai vu un artiste, sur la place Walser, installer avec une grue,
des sortes de méduses volantes.
L’effet est superbe,
et ça m’a fait du bien.