La thérapie de l’apprentissage et vice-versa

Quand j’étais petite,

je me posais des milliers de questions.

J’essayais désespérément de comprendre le monde qui m’entoure.

Mais comme j’étais timide, je n’osais pas les poser, ces questions.

Je les répétais parfois en boucle, pour me donner du courage, mais

aucun son ne franchissais mes lèvres.

Du coup, j’ai commencé à chercher par moi-même,

intensément,

maladivement,

des réponses à ces milliers de questions.

Je me souviens qu’une fois, mon frère m’avait parlé des atomes.

Ca m’a marqué, au point que je me rappelle du bar ou nous étions assis.

Je revois la scène et

je ressent ce que cette découverte avait provoqué chez moi :

le sentiment de notre petitesse,

et l’intuition que des mondes nouveaux existaient sans que

nous en ayons conscience.

Sans compter les milliers de questions nouvelles ,

qui logiquement venaient s’ajouter aux autres…

Et la confusion régnait,

maîtresse de mon esprit d’enfant.

La lecture m’a bien aidé.

Je dévorais tout ce que je pouvais pour comprendre le monde.

Je lisais San-Antonio, parce que mon père aimait ça..

et je voulais comprendre mon père.

J’avoue qu’il m’a fallu longtemps avant de me rendre compte que cet être apparemment accessible uniquement par les autres,

n’était, somme toute, pas si différent de moi.

Je lisais des biographie, parce que je voulais devenir célèbre,

ou plutôt , parce que je savais qu’un jour je le serais.

Et je voulais savoir comment avaient fait les autres.

Je lisais Agatha Christie, pour son esprit mystérieux et ses réponses étonnantes.

Je lisais Victor Hugo, seulement les Misérables, mais 5 x, ce pavé de mille pages où la nature humaine est si bien décrite.

Je lisais tout ce qui me tombait sous les yeux.

Quand j’ai découvert que ce qui m’intéressais le plus portait un nom :

psychologie,

alors j’ai tenté Freud… dont tout le monde parlais.

Mais je l’ai trouvé tordu, avec une grosse tendance à déprécier les femmes.

Par contre, étudier les êtres himains,

leurs rapports,

comment et pourquoi ils fonctionnent si différement,

tout en ayant les mêmes besoins primaires,

ça me passionnait ,

et ça me passionne toujours.

Alors, je me suis tout naturellement tournée vers la thérapie,

à une époque où beaucoup pensaient encore

qu’elle était réservée aux fous.

Et où la dépression était considérée comme

une faiblesse de femme désœuvrée…

Pourtant, je sentais bien qu’elle me gagnait…

mais un enfant ne pouvait pas être dépressif…

à cet époque.

Donc, dès que j’ai pu, j’ai entamé une thérapie nommée Gestalt.

ou analyse transactionnelle.

Je partais des week-end entier dans un ancien château près de Bulle.

Là, un thérapeute canadien nommé Bob, nous secouais les neurones,

en groupe.

Le corps aussi, en tapant sur des matelas,

pour faire sortir notre rage.

Ca à l’air rigolo comme ça.

Mais j’ai vu la maison trembler sous les coups de mon copain de l’époque.

Quand à moi, j’ai carrément décollé du matelas.

Et j’ai fini les poings en sang…

Il y avait des cas , pas banal,

du mathématicien ex-junkie, avec la sclérose en plaque,

aux héritiers de grandes fortunes.. qui n’en voulaient pas,

en passant par l’infirmière nymphomane,

jusqu’à l’ancien enfant battu,

et moi, avec mes milliers de questions.

Rapidement, j’ai eu des réponses.

Tellement de réponses que je ressortais de lé

avec des maux de têtes terribles, qui duraient toute la semaine.

Le temps pour mon cerveau de les ranger dans les bonnes cases.

De faire le ménage aussi sur mes vieux acquis, qui n’avaient pas lieu d’être.

Je pourrais en dire encore beaucoup, sur la thérapie en général

et la Gestalt en particulier.

Un jour, Bob m’a posé un dilemme :

Continuer la thérapie, voir me former pour être thérapeute,

mais abandonner pour ça quelque chose que j’aimais…

Ou ne plus jamais venir.

J’ai choisi.

By. by. Bob.

J’avais trouvé la plupart des réponses à mes questions,

et surtout celle-ci :

« Qu’est-ce qui bloque ?  »

Pourquoi fait-on toujours les mêmes erreurs qui nous empêchent d’avancer.

La réponse est simple et compliquée à la fois :

il y a la peur de la nouveauté.

Notre esprit aime se réfugier dans ce qu’il connaît .

Les traumatismes anciens, les vieux acquis à revisiter.

Notre tendance à ne pas, vraiment répondre aux questions.

Tenez, faites le test, une journée seulement, en discutant avec vos proches.

Vous verrez que la plupart du temps, ils ne répondent pas vraiment aux questions : ils s’échappent, changent de sujet, éludent.

Et soi-même , on fait pareil,

Il y a les programmations aussi :

Ceux qui commencent toutes leurs phrases par  « non mais ».

Vous leur dites : il y avait un beau soleil aujourd’hui, et ils arrivent encore à placer leur « non mais ».

Même si ils sont d’accord avec vous.

Ce « non » et ce « mais », une négation et une mise en doute, font des dégâts.

Plus qu’on pourrait le croire.

C’est comme répondre en utilisant le « tu » au lieu du « je ».

Il y en a beaucoup, que nous utilisons sans nous rendre compte du mal que nous faisons, au autres et à soi-même.

Ce sont des programmations toxiques, inconscientes et d’autant plus dures à dégager.

J’ai appris tellement durant cette thérapie.

Le pouvoir du pardon entre autres.

La rancœur agissant comme un poison pour le coeur,

et le pardon comme une antidote.

Le vrai pardon.

Sur ce point, comme d’autres, j’ai eu la prise de conscience durant ma thérapie, mais il m’a fallut des années,

de nouvelles expériences,

de nouvelles lectures,

pour vraiment comprendre et mettre en pratique ce que j’avais appris.

Et c’est pas fini.

Juste une parenthèse, pour ceux qui comme moi  ont de la peine à pardonner,

et s’auto-pourrissent la vie à cause de ça, il y a une livre génial, écrit par le

Professeur J.Monbourquette : Comment pardonner paru aux éditions Novalis/Bayard.

Livre qui aurait tout aussi bien pu s’intituler « Le pardon pour les nuls »,

tant il est simple d’accès.

C’est tout bêtement en lisant la chronique de Rosette Poletti dans le Matin,

que je l’avais découvert.

Mis ça reste une révélation et dans mon top 10 des livres qui ont changé ma vie.

Comme quoi apprendre par soi-même passe par de curieux chemins.

D’ailleurs, moi qui complexais de ne pas avoir fait l’Université, que je croyais réservée aux esprits brillants,

j’ai constaté en les fréquentants de plus près, que ce n’était pas forcément le cas.

Et encore, que j’ai eu des conversations bien plus enrichissantes, avec des marginaux, par exemple, qui possédaient une réelle expérience de vie.

De curieux chemins.. et là ,j’en arrive, enfin, à ce que je veux dire depuis le début :

Quand dans le vie, on stagne, on se sent mal, embourbé dans ses vieilles habitudes, alors, rien ne vaut un nouvel apprentissage.

Quel qu’il soit.

Apprentissage avec un maître, ou apprentissage en auto-didacte.

Les deux se valent.

Apprenez le piano, le chant, a cuisine, un nouveau métier, quoi que ce soit que vous avez toujours voulu faire, ou que vous découvrez.

J’ai appris la photo, j’apprends toujours, et maintenant j’apprends le perlage.

Vous voyez le résultat : ce petit bracelet qui à l’air tout simple et facile à faire.

Mais les perles sont minuscules, avec un trou encore plus minuscule.

Il à fallu aussi créer un motif, choisir les couleurs, et que le tout

plaisent assez à quelqu’un (Pierre-André en l’occurrence) que je n’ai jamais rencontré ailleurs que sur Facebook, pour qu’il me l’achète.

Pour qu’il me recommande à sa charmante fille.

Pour que tout les deux me fassent d’autres commandes.

Et pour qu’il aime assez son bracelet, pour me le donner à réparer,

après un accrochage malheureux.

Tout ça prends du sens, quand je remarque les progrès que je fais.

Le succès de mes porte.masques, de mes porte-lunettes, et même porte-serviettes.

J’ai du passer par tant de stades pour en arriver là.

Et c’est pas fini.

Je dois encore lutter contre ce sentiment d’imposture qui me pousse à me comparer à des perleuses confirmées.

A l’auto-sabotage, qui me guette, chaque fois que je déprécie mon travail en préférant  gagner peu pour être sure de vendre, plutôt que de le

faire à sa vraie valeur,

Mais je lutte, contre moi-même, encore une chose que j’ai appris :

je suis ma pire ennemie.

J’imagine un dragon intérieur qu’il me faut combattre, sans relâche,

pour qu’il devienne gentil.

Demain, c’est le marché.

J’aime le marché parce qu’il me permet de voir les gens en vrai.

Des gens que j’ai parfois côtoyé il y a longtemps, comme Christine.

Nous étions toutes les deux, en même temps dans des classes parallèles,

mais si timides, que nous ne nous rappelons même pas l’une de l’autre.

Et c’est ça ,progresser. évoluer, c’est pouvoir sortir de sa bulle, parler avec les autres.

Christine aussi tenait un stand, Tupperware.

Elle l’a tenu juste à côté de moi, encore, pendant plusieurs marché.

Pour moi, elle représente, la femme adulte, responsable et sure.

Toujours aimable et souriante.

Rien ,absolument rien de mauvais ne se dégage d’elle.

Même, quand pour une raison légitime, elle est fâchée, elle reste la même.

Stable.

Une stabilité que j’envie. Une douceur que j’aimerais avoir.

L’ autre jour j’étais chez Manor, au rayon Sephora.

Il y avait un jeune homme mince et tatoué et une femme à peine plus âgée qui rangeait du matériel.

Ils m’ont regardé avec mépris, et répondu pareil quand j’ai osé demandé des renseignements sur un produit.

Ca m’a rendu folle de rage

Au point que j’étais à deux doigts de me plaindre à la direction.

Je me suis demandé à quoi c’était du…

Mon apparence ?

J’étais avec ma petite fille qui m’a confirmé que je n’avais pas imaginé ce mépris.

Comme si j’étais un vieux chewing-gum posé sur leur chaise…

J’ai demandé si ils avaient des échantillons, et elle m’a répondu sèchement, d’un seul mot : non.

Après une seconde de réflexion, qui m’a prouvé qu’elle mentait.

Ca et le fait qu’il y en a un tiroir plein, juste en dessous.

De ce produit justement, qui n’est pas luxueux.. et à quoi servent les échantillons i c’est pour rester dans un tiroir ?

Bref. cette p…asse m’a rendu folle de rage.

Une rage qui montait et ne s’est calmée que , une fois au service client, j’ai pu obtenir l’adresse ou envoyer ma réclamation et l’assurance que ma plainte avait de l’importance.

Ca m’a soulagée.

C’est ce que je voulais.

Me calmer.

Parce que sinon, je serais sortie de la , avec ma rage intacte.. et je l’aurais sûrement déversée sur quelqu’un d’autre…

Pas sure que je prenne sur mon précieux temps pour donner mon avis sur ces deux…. En tout cas, ils ont réussi à me dégoûter de ce rayon que j’aimais bien avant, et c’est clair, que je n’y dépenserai plus le peu d’argent que j’ai..

Je me demande si il lui arrive des choses pareilles, à Christine ?

J’espère pas.

Demain, c’est le marché.

Il y a plein de gens que je me réjouie de voir !

En espérant qu’il fasse beau.

Vous pourrez venir chercher vos commandes,  en faire,

voir mes créations,

ou tout simplement

venir me dire bonjour .

Je me réjouie déjà