Journal biennois d’une pandémie Jour 10 Ensemble et séparement

Ca fait bizarre.

On marche dans la rue et on croise quelqu’un sur le même trottoir.

Quand on arrive à la distance réglementaire de deux mètres,

la personne en face fait un léger écart.

Et Hop !

Ensuite elle vous croise, le plus rapidement possible.

Sûrement pour que le virus ne lui saute pas dessus au passage.

Comme le ferait une tique.

On ferme la bouche, on ne respire plus, on ferme les yeux même,

si on peut, et on avance en apnée, jusqu’à ce que l’autre soit un peu plus loin.

Et pendant ce quart de seconde, on voit sa vie défiler.

Après, un peu étourdi, on contiue son chemin.

Heureusement, chez nous , la plupart des trottoirs sont larges.

Vraiment, il y a très peu de gens dans les rues.

Mais encore trop qui ne comprennent pas.

Comme cet ami qui me racontais qu’il prends soin de sa aman,

Très bien

Et qu’il se fait du soucis.

Parfait.

Qu’il va lui chercher ses médicaments à la pharmacie.

Très bien.

,,, »et pendant ce temps là, elle sort pas… »

Extra.

…elle reste dans la voiture.

Grand silence…

Après , j’essaie de lui expliquer que dans une voiture , on ne peut pas garder d’espace…

« Mais ça lui fait tellement de bien de sortir un peu »….

Contamination par excès de bonnes intentions.

J’ai passé une bonne journée.

Même si elle a plutôt mal commencé.

Ce matin, pas d’électricité.

Naïve que j’étais, je pensais que peut-être, pendant cette période, la ville ferait l’effort de nos en laisser, pour nous éviter de sortir pour la payer.

Parce que pour payer, on doit se rendre à ôté de la grande Chenille vers l’ancienne Oméga.

C’est magnifique, par là, avec le nouveau parc, juste à côté,

sa large rivière, parsemée de bloc de pierre brutes, et borée de verdure.

J’arrive devant la porte, et je vois un panneau…

Comme devant toutes les ssortes d’entreprises, maintenant, il y a un panneau

qui explique la politique de la maison par rapport au virus.

Sauf que là, surprise, je découvre que le guichet restera fermé jusqu’au 19 avril.

J’ai beau chercher aucun mail pour me prévenir.

Jee ne sais pas combien nous sommes à avoir le système « pré-pay » pour le courant,

mais il doit bien y avoir une liste, et nous prévenir par mail, -ça ne devrait pas être trop complqué.

Ca nous éviterais des déplacements supplémentaires.

Je fais un rapide calcul ; je suis venue,  je dois rentrer chez moi pour téléphoner,

et ensuite revenir et rerentrer chez moi.

4 déplacements, x le nombre de personnes concernées…

Oui parce qu’il faut téléphoner pour avertir qu’on vient.

Et si on a pas de natel?

Ou si il est, comme le mien, déchargé ?

Il faut rentrer chez soi, prendre son chargeur, trouver une prise ailleurs que chez soi  (puisque’on a plus de courant) et espérer avoir quelqu’un qui veut bien répondre et venir prendre votre argent… et vous remettre l’électricité.

Je crois que la personne qui a décidé de prendre cette mesure ne se rends pas compte de l’impression que ça fait.

On ne me coupe pas mon électricité parce que je ne paye pas, seulement parce que ma carte est arrivée au bout.

Et normalement , quand c’est le moment, je vais payer…cher puisque je n’ai pas de chauffage actuellement

et que je ne peux pas non plus acheter du bois à la Coop puisque le côté ou ils en vendent est fermé….

et les chauffages électriques coûtent une blinde.

Alors, qu’on ne me prévienne pas.

Que je le découvre, comme une mauvaise surprise…

Enfin bref.. ce n’est pas grand chose, en rapport avec ce qui se passe.

Et puis, j’ai toujours de la chance dans mes ptits malheurs.

Les bureaux sont vitrés.

Je ne suis pas d’une genre à me faire emm… par une affiche.

Alors, je fais le tour, et j’essaie de faire une tête de pauvre chaton abandonné,

comme le Chat Potté dans Schrek.

Par chance, une gentille employée me reconnaît  c’est que je suis plutôt une bonne cliente et veux bien me laisser entrer quand même.

Il y a des gens , comme ça, qui restent humain et compréhensif, qui ont l’intelligence de la logique et pas celles des prescriptions.

Je comprends très bien qu’il y aie des mesures à prendre, encore faut-il qu’elles soient adaptées.

L’affiche est maladroite  :  elle dit que les bureaux sont fermés,

mais « qu’en cas d’urgence » on peut prendre rendez-vous,,,,

En cas d’urgence.

C’est drôle , mais sur le moment, cette petite phrase m’a rendu dingue,

mais quand j’y repense, ça n’a vraiment pas d’importance