25 ans

Mon fils chéri a 25 ans…

Déjà.

Le temps passe vite, mais il suffit que je jette un regard en arrière pour me rendre compte qu’il a été bien rempli, ce temps.

Bien et mal.

Que de souffrances inutiles.

Quand on est accusée à tort d’être responsable de l’état de son enfant.. ça laisse des traces.

Quand il a été diagnostiqué autiste, j’attendais un minimum de reconnaissance.

Un petit… « on s’est trompé ».

Un  moyen  » on est désolé »

En vérité, je crois que j’aurais mérité ça et bien plus  :

« on a fichu en l’air 5 ans de vos vies.. comment peut-on se faire pardonner ? »

Mais non.

Tout ce que j’ai eu  c’est : « Il faut aller de l’avant maintenant ».

Et moi j’essayais d’étouffer ma rage…

Je n’ai pas pu dormir normalement pendant des années.

Voilà pourquoi je n’aime pas regarder en arrière.

Je ne vois qu’un immense gâchi.

De la souffrance, de la peine.

Des erreurs par centaines…

Parfois, je me dis que c’est un miracle, que je sois toujours là, en bonne santé.

Après tout ce que j’ai traversé.

Après tout ce que Nous avons traversé.

Toute une génération désœuvrée, dont personne ne s’occupait vraiment.

Et pas d’internet pour répondre à nos questions.

Pour ceux qui ont eu la chance d’échapper au SIDA…

Je déteste les années 80, parce qu’elles ont brisés tant de jeunes qui avaient du potentiel.

Alors bien sûr, il y avait cette musique, si joyeuse, qu’on adore réécouter.

Quand je revois des films de cette époque, cette façon de parler aux femmes…

Ce machisme.. ces gags lourds…

Les femmes  sur les voitures au salon de l’auto…

Tout ça pour dire que je ne regrette pas le « bon vieux temps ».

Et forcément ,les conséquences de tout ça,  beaucoup d’entre nous ont fait des dépressions.

Mais même ça.. on n’osait pas le nommer par son nom…

Allons bon ! les jeunes ne font pas de dépressions !

Il était plus facile de dire que nous étions « instables ».

Je regarde un affreux documentaire sur Netflix.

The Keepers.

Je me dis qu’à côté, ma vie à été un long fleuve tranquille…

Mais ce n’est pas vrai.

On se rassure comme on peut, mais des prédateurs, malheureusement, il y en a partout…

La différence, c’est que , maintenant, on parle davantage.

Oui, je sais ,c’est pas très joyeux , tout ce que je dis.

Mais quand je vois mes enfants, mes beaux et grands enfants, et ma petite fille,

je suis tellement fière de ce qu’ils sont.

Intelligents, réfléchi.

Et beaux.

J’y suis forcément un peu pour quelque chose.

J’ai « fabriqué » deux êtres humains qui sont tout les deux des personnes appréciées et appréciables, aimées et aimables.

Quand à ma petite fille… c’est le grand amour que la vie m’a donné, quand je ne m’y attendais pas.

Voilà, je vais arriver au positif.

La Vie est étonnante.

On devrait lui faire plus confiance.

Savoir qu’il va se passer de bonne choses.

S’y attendre.

Je suis toujours la même personne.

Parfois je me rends compte que ma vieille souffrance est toute proche.

Je suis toujours la même, mais en plus forte.

Parfois même certaine de ces forces sont devenu des automatismes :

et je me surprends à être fière de moi aussi.