Ciao Guiseppe !

Quand je le croisais, dans les rue de Bienne, il avait toujours un sourire, une parole aimable, une information à partager, parce que tout l’intéressait.

Son sourire s’est éteint.

Ca me choque… encore un.

Après David, Sandra, Laurent… tous encore relativement jeunes.

Tellement différents aussi, mais chacun à sa façon contribuait à cette diversité qui fait de Bienne cette ville que j’aime tant.

Je pense à sa famille… je sais ce que c’est, ça vient de nous arriver.

Je vois qu’ils ont réagi pareil, un fête commémorative, au bord du lac.

Parce que c’est ainsi que nous célébrons nos disparus, quand nous le pouvons.

Ce lac, si beau, tranquille la plupart du temps, mais qui se déchaîne aussi parfois, est comme un refuge.

Je n’irais pas, parce que je travaille au marché, mais aussi parce que ce serait trop dur, je ne suis pas guérie encore de la disparition du père de mes enfants.

Voir d’autres enfants qui vivent la même chose que les miens serait trop d’émotions.

Mais je sais que Lili comprendra.

La vie est tellement injuste.

J’apprends que sa fille à subi une agression à la gare d’une violence inouïe.

La plus jeune de ses filles, qui est si choue, ça me dévaste d’apprendre que ça l’a conduit à l’hôpital et que l’agresseur était un homme de 35 ans.

Je cherche en vain la page Facebook de la police biennoise.

Je trouve que ce serait une bonne idée, d’être informé sur ce qui se passe réellement chez nous.

Qu’on puisse au moins prendre nos précautions.

A l’approche des fêtes, bien des gens ne supportent pas cette période de l’année et pêtent un plomb, comme on dit chez nous.

J’en sais quelque chose.

Il serait faux de croire que ça se passe ici plus qu’ailleurs, aujourd’hui plus que hier.

La violence a toujours existé, malheureusement… et elle peut s’abattre sur tout le monde.

Quand on a des enfants, c’est la chose que l’on redoute le plus.

Ces derniers temps j’étais tellement plongée dans mon travail que j’ignorais tout ça.

Je me souviens le bien que ça m’a fait d’être entourée , réconfortée, quand j’en ai eu besoin.

J’aimerais apporter du soutien  , à mon tour, mais j’ai peu de forces.

Mais les pensées aussi sont des actions.

Les pensées d’amour que nous avons les uns pour les autres, les gestes gentils, les attentions, c’est ce qui nous renforce.

Je pense à l’Esprit de Noël.

Heureusement il y a encore des gens pour qui, ça représente quelque chose.

C’est le moment ou on se consacre à ceux qu’on aime.

Quoi de plus important ?

Bien sûr, on doit le faire toute l’année, mais là, il y a une fête pour ça.

Avec des traditions différentes dans chaque famille.

Avec des décorations qui rendent nos rues toutes illuminées, et ce sapin géant, sur la place centrale, qui sera sans doute, magnifique.

L’Esprit de Noël ,ne veut pas dire oublier le mal.

Au contraire, si on se souvient bien, dans l’histoire même de Noël, il y avait le mal, puisque l’histoire raconte la fuite de Marie et Joseph, qui se réfugient dans une crèche, au mileu des bergers et des moutons, pour éviter que le petit Jésus soit tués, comme les autres enfants mâles .

Puisque les soldats avaient pour ordre de la faire… afin de faire taire le prophète annoncé.

C’est la légende, schématisée, hein, désolée, je veux aller à l’essentiel, on y croit ou pas, ce n’est pas mon propos.

Ce que je veux dire, c’est le message que ça nous donne :

S’entourer de chaleur humaine, avec nos plus petits au milieu, les gâter de cadeaux qui leur feront plaisir.

Et fêter avec nos familles et nos proches ce bonheur d’être vivants, entourés d’amour.

Et comme je ne pers pas la boule ( très mauvais jeux de mot, mais l’humour aussi ça aide)  je vais me remettre au travail, pour contribuer à ma façon à tout ça.

Au marché de Noël qui commence bientôt.

Samedi, nous ne serons sûrement pas à la place habituelle, parce que la cabane des bûcherons commence sa construction.

Je vous dirai o’u on est quand je le saurai.

D’ici là, restons proches, restons solidaires, restons affectueux les uns avec les autres, le plus possible, c’est notre meilleure façon de combattre cette violence.

La violence ne vient pas d’ailleurs, elle est en chacun de nous.

Je crois qu’elle s’alimente de rancunes, de non-dits, d’idées fausses sur les autres, d’incompréhension, d’intolérance, de reste de passé non-résolu, de vieux traumatismes, de projections…que sais-je ?

On la détecte parfois, si on est observateur, à des visages qui se crispent sans raison apparente. des regards haineux qui semblent sorti de nulle part.

Comme si elle se baladait à l’intérieur.

Reconnaître qu’elle existe en chacun, apprendre comment le repérer, la distinguer, la calmer serait très utile.

Elle prends tellement de forme… elle grossit si vite.

Il y a beaucoup à dire , à faire aussi..

Son point commun avec l’amour c’est qu’elle aussi grandit quand on la partage.

Alors que faut-il en faire ? trouver des exutoires… qui ne font de mal à personne.

Taper dans un sac fait pour ça, si on veut taper, aller gueuler un bon coup là ou on dérange personne… ce genre de choses.

On sait que les calmants ne font que l’endormir, elle ne disparaît pas comme ça… et continue de s’alimenter , même assoupie.

La violence, c’est une sorte de dragon qui vivrait en nous, et qui peut faire beaucoup de dégâts.

Dans notre grande imperfection, nos manques divers…

Tout ce que nous avons de bon a son contraire, c’est ainsi que va le monde.

Pas de haut sans le bas, pas de pile sans la face, et pas de tendresse sans violence.

On devrait , dès l’école instruire les enfants sur le sujet, faire des exercices de situation, pour qu’ils apprennent à gérer.

Je pourrais méditer là-dessus tout l’après-midi, mais j’ai du boulot.

Je vous souhaite d’aller le mieux possible.

La première personne avec qui on devrait être gentil et tolérant, c’est soi-même.

Donc je vais me faire un bon ptit truc à manger pour me donner des forces.

Je vous embrasse bien fort.