l’Experience indispensable

Il y a des expériences à faire absolument , dans  sa vie

Sauter en parachute

poser toute nue,

plonger dans les grands fonds

et se faire interviewer

pour le Podcast d’Isabelle Wäber.

Graine 2 Curieuse.

Comme il se développe vite, ce Podcast !

hier encore, c’était un bébé podcastou .

En quelques mois, il a passé son adolescence comme une flèche,

et le voilà déjà adulte.

Reconnu,

admiré,

Indispensable.

Je l’ai vu naître, ce Podcast.

Comme une évidence, dans l’esprit décidé d’Isabelle.

En même temps que notre amitié, ou presque.

Passer de concept à réalisation.

A affaire qui roule.

Indispensable.

Pourquoi indispensable ?

Parce qu’il fallait concrétiser cette idée : donner la paroles aux femmes de notre région.

Parce qu’il est temps.

Nous avons des choses à dire.

Chacune.

Des choses faciles et d’autres moins.

Un parcours professionnel exemplaire, une maladie, une souffrance dépassée.

Chaque podcast est aussi un message d’espoir.

On peut le faire.

On peut le dépasser,

on doit le dire.

Qui mieux qu’isabelle ?

curieuse des autres,

multimédiacompétente,

avec sa voix… parlons en de sa voix :

une voix qui raconte.

Même si elle lisait le bottin, on saurait, derrière chaque adresse,

qu’il y a aussi une histoire.

J’avais un peu peur.

Je déteste entendre ma voix enregistrée.

Mais elle a su me rassurer.

Ces 20 minutes de questions,

toujours justes, jamais dérangeantes,

sont passées très vite.

Pourtant, j’ai pu tout dire.

Tout ce que je voulais dire.

Tout ce qui est important pour moi.

Avec le sujet choisi : l’autisme.

Celui de mon fils.

Moi en tant que maman d’un adulte autiste.

J’aurais aussi bien pu parler de mon métier de photographe, de mes activités de blogueuse.

De mes prétentions d’écrivain.

Mais j’avais envie d’apporter quelque chose de plus spécial.

De partager mon expérience.

Pour aider un peu, si possible.

On se sent parfois très seul, nous les parents.

Surtout au début.

Incompris du monde.

Piégés dans un univers inconnu.

Avec un extra-terrestre,

qui est aussi notre enfant.

Qui ressemble à un enfant normal,

mais qui se comporte si différemment,

qu’on ne le comprends pas.

Imaginez-vous consacrer votre temps à quelqu’un qui semble détruire tout ce que vous essayez de construire.

Qui se comporte comme un ennemi  et vous pose ensuite la question :

-Tu m’aimes ?

et vous dites : boen sûr que je t’aime ! je donne ma vie pour toi.

Et là, il vous regarde avec cet expression indéfinissable.

Prononçant ces paroles, SES paroles qui vous scient le coeur à chaque fois :

-Si tu l’dis…

Jamais reconnaissant.

Jamais heureux,

toujours doutant.

Votre joie l’indispose.

Vos mots l’indisposent.

Il faut tout réinventer.

Mais on est épuisé.

Ca aussi, j’ai voulu le dire.

Et hop.. je m’endors.

Là, maintenant tout de suite, je me suis endormie.

Mais pas cet après-midi avec Isabelle.

Et là, je me rends compte de la perfection de son travail

Elle réussit l’exploit en quelques minutes de me faire faire le tour de mon sujet,

sans me laisser partir trop loin dans la douleur de mes souvenirs.

Par ses questions judicieuses.

Et sa bienveillance.

J’ai été un peu dure avec elle, l’autre jour.

Mais si je l’aime autant, c’est bien parce que je peux lui dire ce que je pense.

Comme on parle à une soeur

Elle fait son podcast, comme si c’était facile.

Mais ça ne l’est pas.

Il faut de la technique, du professionnalisme.

Et ça, elle en a,

Isa.

Au final, après cet interview, je me sentais très bien.

J’aimerais remercier Isabelle de m’avoir donné l’occasion d’offrir cette part de ma vie aux autres.

Ca m’a vraiment fait du bien.

J’aimerais dire encore quelque chose.

D’abord, je n’ai pas donné de nom d’association de parents d’autistes.

Parce que je n’en fait pas partie.

Quand j’ai voulu chercher un peu de réconfort auprès d’une d’entre elles, je n’ai pas été très bien accueillie.

On à même douté de mon histoire.

Je souffrais déjà tellement.

Je n’ai jamais renouvelé l’expérience.

Et puis, quand je rencontre d’autres parents, nous savons très bien ce que nous vivons.

Quelques mots, quelques regards suffisent.

On a envie de parler d’autre chose, de s’évader de ce quotidien.

De juste pleurer un coup sur l’épaule de l’autre.

La vie continue, avec ou sans nous.

Alors, on ne dit rien, on parle d’autre chose.

parce que c’est déjà suffisamment dur comme ça.

En reparler, sans ressentir la peine, l’injustice qui va avec est impossible.

On aimerait s’épargner ça.

On aimerait éviter de se jeter sur les parents  normaux qui se plaignent de leurs enfants normaux.

Avec cette envie de les secouer très fort pour leur faire prendre conscience de la chance qu’ils ont.

Ou alors, simplement de pleurer.

D’enlever cette culpabilité qui vous ronge.

Quand je regarde au fonds de moi, et même à la surface, je vois que nous nous ressemblons beaucoup, mon fils et moi.

Au point de me dire que nous sommes normaux et que c’est le reste du monde qui débloque.

Alors on garde certaines choses pour soi.

Les plus dures.

Les moins racontables.

Par pudeur , peut-être ?

Je ne sais pas.

Comment raconter des moments de haine absolue… par exemple.

De toutes façons, pour ceux qui ne connaissent pas cette situation, ce ne sont que des mots.

Pour ceux qui la connaissent , par contre, il suffira de dire que c’est très dur, parfois, et ils sauront de quoi je parle.

Parler…

Parler sans être jugée.

Sans entendre des banalités qui vous creveront le coeur,

vous laissant encore plus incompris, c’est rare.

Ca arrive parfois.

Et heureusement !

C’est pour ça que j’ai voulu donner cette interview.

Je savais qu’Isabelle allait me respecter,

que je pourrais m’exprimer sans peur.

La parole, l’information, sont essentielles.

Indispensables pour faire avancer les choses.

Avec mes 25 ans d’expérience, si je peux aider ne serait-ce qu’une maman à mieux comprendre son enfant, alors j’en serais heureuse.

J’aurais aimé avoir cette chance, au lieu de ce qui m’est arrivé.

Etre accusée de maltraiter mon enfant, parce que personne ne comprends ce qu’il a

Il est plus pratique d’accuser la mère que de reconnaître sa propre  incompétence….

Quand , après des années de tourments, je suis enfin blanchie, personne ne vient tendre la main pour s’excuser.

Pour m’aider à me relever.

Même à terre, je devais continuer de me battre.

Pour me relever.

Pour nous relever..

Un combat sans fin.

Qui m’a rendu courageuse.

Pleine de cicatrices, qu’il faut soigner constament, mais debout.

Fière de moi.

Voilà pourquoi  :

J’ai voulu rester positive.

Parce que c’est la morale de notre histoire.

C’est l’amour et l’humour qui nous sauvent.

Les alliés aussi.

Ma famille, mes ami,es, son  formidable thérapeute.

Voilà.

En conclusion :

Malgré tout , je n’échangerais mon fils pour rien au monde, tellement il peut-être juste, passionnant.

Et je l’aime de tout mon coeur.

Avant d’être autiste, c’est mon enfant,

mon petit garçon que j’ai mis au monde.

Surtout,

si vous êtres dans mon cas, n’essayez pas d’en faire quelqu’un d’autre.

Faites sa connaissance

Aimez -le tel qu’il est.