Regardez là , notre petite bibliothèque du bord du lac.
Avec ses livres bien serrés, dans toutes les langues.
Les touristes qui passent la regarde d’un air incrédule.
Je les vois s’arrêter.
Se demander si c’est bien possible.
Rarement, ils essaient d’ouvrir la porte.
Ils regardent l’objet, mais osent à peine s’en approcher.
Tant ça leur semble fou…
Quelque chose de gratuit… en Suisse, déjà, c’est vrai qu’il y a un côté incongru.
Souvent, ils lisent le texte sur la vitre.
Et je les observe repartir, tout en discutant entre eux de ce qu’ils viennent de voir.
Quelque chose qui n’est pas possible partout.
Un lieux ou les livres se partagent, librement.
Sans surveillance aucune.
On prends, on remets.
A chaque visite, il y a de nouveaux titres.
Je suppose que ça a u arriver, mais de mes yeux, je ne l’ai pas vu,
l’armoire à livres vandalisée..
Cette armoire me fait penser.
Méditer sur notre statut de privilégiés.
Dans combien de pays du monde peut-il y avoir des armoires pareilles .
En Afrique, la moindre page de magazine est conservée précieusement.
affichée sur le mur du salon, ou même enroulée dans le foulard qu’on porte sur la tête…
La Suisse est un pays riche.. c’est incontestable.
On passe notre temps à nous plaindre, quand même…
Je peux traverser la ville à 4h du matin, et je ne risque rien.
Essayez de faire pareil dans certains quartier d’Amsterdam.
Bon, c’est vrai, il y a des quoi de Lausanne ou je ne m’égarerais pas toute seule…
A Bienne on a aussi notre lot de violence.
Mais rien de comparable avec ce qui se passe dans le monde.
Tout ça pour dire, qu’il y a vraiment, à Bienne, e bonnes initiatives, qui ne peuvent exister que parce que nous les respectons.
D’ailleurs, en gros, le peuple suisse est assez respectueux.
On trie nos déchets, on y fait attention quand on va picniquer.
Il y a peu, on laissait encore l’argent pour le lait dans la boite aux lettres.
-Ouais.. il y a peu.. tu parles, ç fait plus de 50 ans…
Bon tout est relatif…
%0 ans.. c’est une vie quand même.
La mienne.
J’ai vu les choses changer, mais Bienne, toute ma vie, je l’ai
vu ouverte vers l’extérieur.
Je n’oublierai jamais ette histoire.
Je suis écolière.
Je vais au petit magasin de la route de Boujean, près de chez moi, acheter je ne sais pas quoi.
Et voilà qu’entrent deux hommes.
L’un deux est habillé de façon plutôt exotique.
L’autre est suisse.
Ils se présentent au patron de l’épicerie.
Et j’entends ce dialogue.
Pour la première fois de ma vie, ce mot : « réfugié ».
-Je vous présente Monsieur X, c’est un réfugié.
Le patron le regarde avec une compassion extrême.
Tout semble dit dans cet unique mot.
-Alors, il va venir faire ses courses ici.
Et là ,le Patron fait un grand sourire et tout en posant sa main sur l’épaule de l’homme, il prononce ces mots inoubliables :
– Dites- lu qu’il pourra prendre ce dont il y besoin.
Et il ne devra pas payer.
Une fois rentré chez moi ,j’ai demandé à ma mère ce qu’étais un réfugié.
Ce que je veux dire, par là, c’est que tout ce que nous faisons et disons devant nos enfants et ceux des autres est très important.
Très.
Très.
Ca va les marquer à vie.
Je me dis toujours que j’ai des progrès à faire.
Et j’en ai c’est sur… beaucoup.
Beaucoup.