Les Frères Jaccard

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Nos souvenirs d’enfance sont précieux.
Ils sont partie de nous, et souvent, on les embelli, justement à cause de ça.
Dans le cas des Frères, c’est plutôt l’inverse.
J’étais trop jeune pour saisir toute la complexité de leurs oeuvres.
Leur exceptionnelle grandeur d’âme, et cette foi qui soulève les montagnes.

Il y a deux grande catégorie de gens.

Ceux qui veulent le plus beau chien de la portée.
Ceux qui réfléchissent logiquement et ne se permettent pas de faire ce pour quoi ils ne sont pas formés.
Et qui renoncent, si c’est trop difficile.

Et puis, il y a les autres, les fous, les illogiques,
ceux qui, à deux, se font confier la responsabilité de milliers de malades et qui acceptent.
Ceux qui laissent à d’autres la facilité et qui vont ou personne ne veut aller.
Qui font ce que personne ne veut faire.
Justement parce que ça parait trop difficile.
il n’y a qu’un seul chirurgien pour amputer des centaines de lépreux ?
Qu’importe, ils apprennent sur le tas, et ils s’y mettent.
Puis vont se perfectionner auprès des plus grands spécialistes.
Il ne sont pas docteurs ‘ qu’importe, Puisqu’il n’y en a pas d’autre, alors il faut bien que quelqu’un s’y colle.
Ils ne sont pas prothésistes ? et les prothèses sont trop coûteuses qu’importe!
Ils vont développer leur propre technique,
mieux : construire des prothèses avec les moyens du bord.
Mieux, faire participer le malade à l’élaboration, afin qu’il puisse la réparer.
Afin qu’il soit acteur de sa guérison.
Et non pas assisté, tributaire de la charité.
Vous vous souvenez de Daniel Balavoine, et des pompes qu’il apportait dans le désert, pour en extraire l’eau.
La charité dans toute son inutilité
Quand elles sont tombées en panne , personne ne savait les réparer.
Personne pour apporter les pièces manquantes…
Et tout cet argent, toute cette énergie mobilisée pour rien, au final
Vous connaissez la phrase : si vous voulez aider quelqu’un, ne lui donnez pas de poisson, apprenez lui à pêcher.
C’est la philosophie des Frères Jaccard.

Ainsi, les malades retrouvent le sourire, la force de vivre, l’estime d’eux-mêmes, et deviennent à leur tout formateur, pour en aider d’autres.
Ils sont prêtres, mais ils ont compris tout de suite, que la bonne parole devrait attendre, qu’il y avait plus urgent.
Et ils ont retroussé leurs manches.
Les petits gars de Franche-Compté.
Pierre et Raymond.
Les Frères Jaccard.
Mes héros.
Mon autre héros dans cette histoire, c’est mon père.
Je croyais qu’il avait récolté du cuir pour les aider.
Ma mère me dit qu’il avait aussi, avec d’autres, levé des fonds pour une ambulance, remplie de médicaments.
Mais que, sur le bateau, l’ambulance fut dévalisée.
Il y a les bons et il y a les méchants.
C’est la vie.
Les Frères Jaccard faisaient partie de la nôtre, comme maman Simone, leur Maman, qui était si lumineuse, malgré sa jambe manquante.
Il n’y a pas de hasard.
Ce sont des personnes exceptionnelles.
Je parle au présent, parce qu’ils sont toujours là, toujours actifs.
Après les lépreux, au Cameroun, ils se sont occupé des enfants victimes de la prostitution, et leur maman, bien sûr.
Les sortir de la rue, leur donner un vrai métier, construire, toujours construire.
Et sauver.
Sauver la vie des Khmers rouge, pendant la guerre, de leurs ennemis aussi.
La souffrance n’a pas de parti politique.
Ils vont là ou personne ne va.
Aider ceux que personne ne veux aider.
De l’Afrique au Pérou, à l’Amérique du sud.
Ils voyagent , rencontrent Jean-Paul II, mère Thérésa.
Leur expérience est sollicitée partout.
A cette époque pas d’internet.
J’imagine ce qu’ils auraient pu faire, si internet avait existé.
Ou pas faire…
Du genre, de quel droit pratiquer des opérations quand on est pas médecin?
Mais quand c’est la guerre, quand, c’est l’horreur et la souffrance, quand il n’y a personne d’autre pour le faire…
Alors, imaginez le courage qu’il faut pour prendre un bistouri et trancher dans les chairs nécrosées ?
Pour que ce petit garçon qui a sauté sur une mine puisse remarcher.
Quand la polio fait des ravages, parce que le gouvernement fait sauter des bombes atomiques, sans se soucier des villages…
Ils ne peuvent pas agir sur le gouvernement, alors ils s’occuperont des enfants.
Ils vont là ou personne ne veut aller.
Rendre le sourire aux malades.
Aux blessés de guerre.Aux enfants qu’on obligeait à se prostituer.
Avec leurs sacs à dos , et leur beaux visages souriants.
Le sourire.
C’est ce qui m’avait marquée, étant enfant.
Ces hommes noirs aux restes de jambes blanchies par la lèpre,
souriaient de toutes leurs dents.