Soleil de nuit

Comme il fait beau, comme le coucher de soleil promet d’être joli.

On y va Prisca et moi.

Sur le chemin, elle fait son caca, que je ramasse dans un sachet rouge,

fait exprès.

Je le dépose près d’un container, puisqu’il n’y a pas de poubelle dans ce quartier.

Mon mini sachet est à sa place, c’est l’endroit prévu pour déposer les poubelles dans ce quartier là.

Je pourrais aussi le laisser dans le caniveau.

Ces sachets sont fait pour faciliter le ramassage des crottes par les cantonniers.

Les mettre à la poubelle est recommandé, mais si il n’y en a pas, alors, on peut très bien les laisser là, au pied d’un arbre.

Moi je le mets vers les  containers…

Grave erreur.

Voilà qu’il me dépasse en vélo.

Qu’il me dit quelques phrases en suisse-allemand.

Je comprends qu’il me parle de mon sachet.

il a l’air calme encore.

En réalité je n’ai pas compris, il est en train de m’insulter.

Il continue en français.

Je ne comprends pas.

Je lui dit que je ne comprends pas.

Ca l’énerve.

Il devient plus agressif et m’insulte en français.

Il répète et répète que je suis nulle.

Ce sont ces mots, son mot plutôt… il le répète tellement qu’à force d’être nulle, je suis totalement effacée!

Enfin, je le serais, si je n’étais pas moi.

Je m’interroge quand même .

Mais c’est quoi son problème ?

Il ne s’arrête plus, je suis responsable de toutes les crottes posées dans la rue.

Et pire. je les mets dans des sachets fait pour ça…

Il insiste beaucoup là-dessus.

Ca devient ridicule.

Mais de quel droit ?

Déjà de me tutoyer.

On se connaît ?

Non.

Je lui demande donc, poliment, quel est ma faute.

Mais bon, je ne vois pas vraiment.

Je lui demande encore,de s’occuper de sa propre vie, et de me laisser tranquille.

Mais bon, ça aussi, ça ne le convainc pas.

Et là, il se passe quelque chose d’important pour moi.

A un moment, je m’énerve un peu plus.

Il est à une trentaine de mètre, et il adopte une attitude menaçante.

Et là, non seulement, je ne recule pas, mais en plus, j’avance.

D’un pas décidé.

Prête à en découdre si il le faut.

Je suis fière de moi.

c’est vrai, j’ai Prisca, et avec elle , je n’ai peur de rien.

Mais je l’aurais fait, avec ou sans elle.

J’en ri encore.

je vois son air étonné, et il est parti.

Bon il m’a suivi de loin, encore un moment.

Ca devait le démanger.

Mais il a du réfléchir… Prisca…elle ne fait pas que caca…

elle fait peur aussi, quand on ne la connaît pas.

Je refuse de me laisser pourrir ce beau moment.

ensuite, je me pose quand même la question.

Je ne dirais pas que ça m’arrive souvent, mais ça m’arrive , quand même,

régulièrement.

soudain, un type que je ne connais pas, ou à peine, me manque de respect.

Je connais des femmes à qui ça n’arrive jamais.

D’autres à qui ça arrive tout le temps.

Après, il y a les hommes, rares , qui réalisent leur faute et s’excuse.

Et la grande majorité qui persévère…

J’ai porté plainte, un fois, contre mon voisin, qui abusait tellement, que j’en avait peur de sortir de chez moi.

Comme il y a une justice, il a été condamné, et depuis, il se venge, petitement, en me refermant la porte au nez, mais il s’abstient de m’adresser la parole.

Alors, que devons nous faire, nous les femmes à qui ça arrive assez souvent?

On ne peut pas porter plainte à tout les coups.

Déjà, parce que c’est très fastidieux comme démarche.

Apprendre le karaté ?

Non, je crois que le mieux, c’est d’ignorer ce genre de type.

Ne pas leur répondre.

Faire comme si ils n’existaient pas.

Pour ne pas rentrer dans leur jeux.

Bien sûr, on aurait envie de clouer leur bec.

Avec une bonne phrase bien sentie.

Genre : « alors, bobonne était pas d’humeur?

c’est pour ça que tu te défoule sur moi ? ».

Mais bon, ce n’est pas à moi de le psychanalyser, il y a des professionnels

pour ça.. et pour le reste aussi.

Intuitivement je pense qu’un homme qui rabaisse une femme à un soucis, avec la sienne si il en a une, ou celle qu’il ne peut pas avoir, ou les femmes en général.

 

C’est un comportement primitif et irrespectueux, de s’adresser à quelqu’un qu’on ne connaît pas, en l’interpellant agressivement , quelque soit la raison.

Et soyons logique, se mettre dans des états pareils pour une crotte de chien, qui de plus et emballée et posée à un endroit adéquat, il y a de quoi se poser des questions…

Jusqu’à un certain point.

Qu’est-ce qui est important, pour moi ?

vivre tranquille, heureuse,

Pas faire régner le respect.

Ni comprendre les motivations de chaque crétin qui se laisse aller.

Ca serait trop de boulot pour une seule femme.

C’est très désagréable, ça ne devrait pas avoir d’importance.

J’en parle quand même pour une bonne raison.

Il es très important de ne pas minimiser l’irrespect.

Notre esprit , le corps qui va avec , le sait parfaitement.

Il le sait, il l’engrange,

il garde la trace de chaque agression,

petite ou grande.

Ca s’appelle la mémoire traumatique.

Il est essentiel de s’en préoccuper.

De ne pas relativiser, en se disant, qu’il y a plus grave.

Ca peut aider, en apparence, mai au final, on repousse sa douleur, et elle grandit encore.

Parlez, trouvez des spécialistes.

Il y en a.

Le monde change, évolue, et c’est tant mieux,

Je pense à quelqu’un, qui s’est tellement ramassé, qui souffre tellement, qui ne guérit pas.

Elle a tant de symptômes que personne ne trouve ce qu’elle a , à la base.

Je ne suis pas médecin, simplement , je réunis les pièces du puzzle et ç’est tellement logique.

Quelqu’un qui a été multi-agressé et qui n’a reçu aucune véritable aide pendant presque toute sa vie… comment pourrait-elle être autre chose que traumatisée ? multi-traumatisée ?

Son corps crie sa souffrance, et son esprit essaie de la faire taire.

Il faut bien comprendre, je ne fait pas d’amalgame entre les hommes qui sortent quelques stupidités et ceux qui commentent des choses graves.

ce ne sont pas les mêmes.

Je parle du processus, qui lui est bien pareil.

Voilà pourquoi il faut rester vigilante.

Solidaire.

Je crois , j’ai l’espoir que le monde évolue de se côté là.

Parce qu’il ya beaucoup d’homme bien.

Conscients et intelligents,

Parce qu’il. y a de plus en plus de mères qui élèvent leurs enfants d’une façon différente.

Il n’est plus question de se résigner.

Les choses changent, et c’est tant mieux.

J’ai quand même l’impression que dès que le bien triomphe, le mal l’attaque

à nouveau..

après tout, j’ai encore beaucoup à apprendre.

Je me suis déjà tellement planté.

Plus 4a va en avant, plus je vois qu’il faut , à la fois assurer, , veiller sur soi ,

et en même temps faire preuve de solidarité.

Faire du sport, bien manger et ne pas oublier de se reposer 🙂