Expectative

Expectative…

Comme souvent, pour un mot,

la langue française donne beaucoup de définitions.

En gros, c’est une attente ,avec de l’espoir.

Mais pas toujours.

Pour moi ça signifie attendre sans savoir vraiment.

Je suis pleine  de doutes et de questions.

De peurs aussi.

Je ne pensais pas que ça irait aussi loin.

Mais voilà, j’ai des lecteurs…..

Des gens qui me suivent, qui apprécient mon travail de photos,

et d’écriture.

Qui ont senti ma détresse face à ce que j’ai vécu à la gare, et qui ont alerté le chef de la police.

Qui m’ont proposé de le faire moi-même aussi.

Mais je ne voulais pas dénoncer ce policier.

 

Mais les quelques indications que j’ai donné ont suffit apparemment à le retrouver.

je le sais parce que le chef de la police m’a téléphoné.

J’ai rendez-vous vendredi avec lui et le policier en question,

qui devrait me présenter ses excuses.

Le chef de la police a lu ce que j’ai écrit.

Ca me fait bizarre.

Je n’ai pas réussi à me relire.

Je ne veux pas ressentir à nouveau cette impression.

C’est terrible, mais je me sens  vraiment mal, depuis plusieurs jours.

Ce n’est pas de la faute de ce policier.

Vraiment je pense bien qu’il ne pouvait pas imaginer qu’il me blesserait à ce point.

Que c’était de la maladresse,  et qu’on ne va pas le pendre pour ça :).

Alors, j’attends, j’attends et j’espère .

Expectative….

Je mets cette photo , parce que, dans le fonds, je préférerait qu’on parle de moi pour mon travail.

J’aimerais que rien ne se soit passé.

Mais si on peut montrer qu’on vit dans une ville ou on a du respect les uns pour les autres, alors faisons-le.

 

 

 

Je suis malade

Complètement malade.

Je regarde la Consolation, le film tiré de l’histoire de Flavie Flament.

Sa mère était épouvantable.

Je me souviens bien pas trop,, de Flavie Flament à l’époque où elle était Miss Ok.

On a 7 ans de différence.

Par contre, on a des points communs…

Moi aussi, je ne souriais pas  beaucoup.

Je ne me souviens pas trop d’elle, à cause de la différence d’âge.

Par contre… j’aimais beaucoup  le travail de David Hamilton.

En opposition avec la vulgarité sans nom de la pornographie à l’époque,

je trouvais qu’il présentait la femme avec beaucoup de douceur, dans ses photos.

On avait pas l’âge, pour aller voir ses films, avec ma copine Sabine.

On se maquillait comme des voitures volées

pour avoir l’air ..

d’avoir 16 ans.

Je me rappelle, aussi  d’une scène qui m’avait mise mal à l’aise.

alors que tout se passait d’habitude dans la délicatesse.

Une scène de viol à la David Hamilton…

Ca existe.

Au passage, on découvre le secret du fameux « flou hamiltonien ».

J’avais entendu qu’il utilisait un filtre spécial…

Eh bien non, il se contentait de mettre de la buée

sur son objectif.

En expirant.

Malgré tout le dégoût profonds que ce type m’inspire,

je trouve ça assez génial.

Je suis photographe.

Très pudique aussi.

Je n’aurais jamais imaginé faire du nu, un jour.

Parce que ce qui me dégoûte le plus, c’est ce comportement :

utiliser  une séance photo pour abuser d’une femme.

Mais il y avait une demande.

Quand j’étais à l’Académie de Meuron, nous avions des modèles

qui posaient nus.

Personne n’aurait imaginé faire des reflexions désobligeantes.

On avait le plus grand respect pour les modèles.

Dans cette optique là, dans une recherche de beauté,

de mise en valeur, de naturel.

Parce que le corps, ce n’est pas sale.

C’est ce qu’on en fait.

Je suis assez fière que personne n’aie jamais fait opposition

sur aucune de mes photos, sur Facebook.

Je ne pensais pas franchir le pas, moi-même.

Et puis, il y a eu cette jeune photographe, tellement talentueuse

qui m’a demandé si j’étais d’accord.

Pour son travail de  Matu.

J’ai accepté pour l’aider, et je ne regrette pas,

tellement ses photos sont belles.

Elle à pris d’autres personnes, sa grand-mère même!

Et son travail a été largement récompensé par les plus

hautes notes.

Je n’aurais jamais imaginé que David Hamilton puisse être un prédateur.

Maintenant, je vois le film et ça m’a l’air tellement logique.

Je n’ai plus du tout envie de voir ses photos.

Je me souviens, quand je les regardais à l’époque, j’avais remarqué :

ces points communs entre ses modèles.

Une expression commune.

Comme si elles étaient dans un autre monde.

Cet espèce d’immonde salopard.

Il a construit sa gloire sur le désespoir de ses modèles.

Parmi les filles que j’ai photographiée, j’en ai eu qui ont été abusées.

J’en ai parlé avec un autre photographe, il me l’a dit aussi.

Le nombre de femme à qui c’est arrivé est impressionnant.

Elles détestent leur corps.

Pourtant, elles sont belles.

Moi aussi, j’ai été abusée.

Je ne vais pas en parler là, maintenant, mais je comprends bien.

C’était un médecin.

Utiliser son travail de soigneur pour abuser d’un enfant, il n’y a pas de

mots assez fort pour exprimer à quel point c’est minable.

Je ne vais pas en parler davantage.

Les images me reviennent, les sensations sombres qui vont avec.

Il a de la chance d’être mort, parce que si il était encore en vie, je me

serais, moi aussi occupé de son cas.

Dans le film, ce qui est choquant , c’est la complicité de la mère.

Ce n’était heureusement pas le cas chez moi.

Par contre, je sais qu’il a fallu longtemps, jusqu’à ce qu’on se rende

compte des dégâts.

Qu’il n’y a pas si longtemps, ce n’était pas grave…

Les enfants n’avaient pas le droit à la parole.

D’après ce que j’entends, il y a encore beaucoup de progrès à faire dans ce sens .

Former les gens.

Vous savez ce qui est le plus difficile dans ces histoires d’abus ?

Abus de faiblesse, abus d’autorité, abus verbal ou physique,

c’est à quel point on se sent soi-même coupable.

Ca a l’air illogique.

Pourtant, c’est comme ça.

Voilà pourquoi il faut parler.

Ne pas minimiser.

Rendre les gens responsables.

Oh, c’est joli ce que le docteur dit , à la télé :

que si on parvient à faire avec cette violence et la mettre

au service de son engagement, alors on devient une combattante.

Le truc, c’est que je n’ai pas envie d’être une combattante.

J’aimerais juste avoir la paix.

Arrêter de souffrir.

Je pense en truc… il est tout-à-fait probable que David Hamilton lui-même

aie été abusé.

Ca expliquerait tout.

Ce n’est absolument pas une excuse,

mais ça permet de comprendre.

Finalement, il a fait justice lui-même,

en se suicidant.

Autre point hyper-important : la loi est mal foutue.

Totalement illogique.

En France, par exemple, il y a prescription, au bout de 38 ans.

Pourquoi 38 ? c »est incompréhensible, ce chiffre.

D’autant plus maintenant qu’on sait le temps que ça prends entre l’abus lui-même, et la possibilité d’en parler.

Grâce à Flavie Flament, la loi va changer.

Bien sûr, elle n’est pas toute seule, mais médiatiser son cas aura permis l’avancée.

En France en tout cas.

En Suisse,  on a fait des progrès, il y a imprescriptibilité pour les crimes commis sur les enfants de moins de 12 ans…

Pourquoi 12 ?

A 13 ans, on est plus un enfant?

La loi humaine est à l’image des hommes.

Imparfaite. Illogique.

Il a fallu attendre 2017, mais le mouvement est en marche.

La libération de la parole commence.

C’est une avancée extrêmement importante.

Pourtant, d’autres voix se font entendre : pour se moquer.

Pour prétendre qu’on en parle trop.

Bienheureux sont ceux qui ne se sentent pas touchés.

Mais qu’ils ne se mêlent pas d’empêcher les autres de le faire.

Au risque, d’être un jour, eux aussi, concernés.