Bienne sans filtre

Rue Dufour.

Au début, entre le restaurant Merkur et la boutique africaine.

Juste après l’arrêt de trolley.

Il est là.

Pas très grand, mais comment ne pas le voir.

Il saigne, et ça fait comme une larme de sang qui serait figée sur sa joue.

Une grosse larme, épaisse et encore bien rouge.

Rouge sang.

Tout le reste  est  … pas sale, mais avec cette impression de cradeur, qu’ont les gens qui sont en galère.

Il à l’air à la fois désespéré et furieux.

Il y a des jeunes qui le regarde et il s’adresse à eux, bien droit, à voix forte, mais sans haine, comme s’il voulait leur faire comprendre quelque chose.

Les histoires des autres me fascinent.

Je fais exprès de passer par là.

C’est mon chemin de toutes façons, mais , si j’avais senti le danger, je l’aurais évité.

Et j’ai eu raison, il n’y avait aucun danger.

Au moment ou je passe, il nous voit, ma petite fille et moi.

Alors qu’ils faisait le va et vient des deux côté de la route, il reste à distance, et il se tait, le temps qu’on passe.

Je sens que c’est pour ne pas effrayer la petite.

D’ailleurs, dès que nous sommes un peu éloigné, il reprends de plus belle.

Fâché, mais sans haine.

Une voiture s’arrête, c’est pour lui.

Il entre tranquillement, et la conductrice redémarre , l’emportant, avec son histoire.

Belle sortie et fin de la scène.

J’avoue, je l’ai remarqué, parce qu’il était plutôt joli garçon, sous sa couche de soucis.

Le genre qu’on vient chercher…